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Jeux vidéo: l’acquisition d’Activision par Microsoft compromise par les Britanniques

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Grosse déception pour Microsoft : le gendarme des marchés britanniques s’oppose à ce que le géant américain de la tech rachète la société de jeu vidéo Activision. Cette décision sonne comme un avertissement pour tous les géants américains de la tech.

L'autorité britannique de la concurrence s'oppose au rachat d'Activision par le géant américain Microsoft (photo d'illustration).
L'autorité britannique de la concurrence s'oppose au rachat d'Activision par le géant américain Microsoft (photo d'illustration). © Virginia Mayo / AP
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Les autorités de régulations, que ce soit aux États-Unis ou en Europe, veulent désormais limiter leur concentration. Mais cette décision est d’abord un camouflet pour la société fondée par Bill Gates. L’an dernier, Microsoft a mis 70 milliards de dollars sur la table pour acquérir ce bijou du développement des jeux vidéo. Activision attire pour ces machines à cash : le jeu mobile Candy Crush ou les blockbusters disponibles sur console comme Call of Duty.

Les régulateurs britanniques ont d’abord tiqué sur la toute puissance à venir de Microsoft dans l’accès au jeu avec son interface Windows et sa console Xbox. Ne va-t-il pas conserver l'exclusivité des jeux pour sa propre console ? Microsoft a démontré que son intérêt est au contraire d'élargir l'accès au jeu pour augmenter ses revenus. Un argument entendu par l'autorité britannique.

Jeu dématérialisé

Deuxième inquiétude : les ambitions de Microsoft dans le jeu dématérialisé. Avec son infrastructure de cloud Azure, Microsoft a une longueur d'avance, il lui manque un bon catalogue pour prendre l'ascendant sur ce marché en plein essor. Le cloud gaming est en train de décoller, on parle d'une croissance annuelle de 46% jusqu'en 2030. Le groupe américain est déjà dominant sur le marché britannique du jeu dématérialisé. Et l'autorité a agi pour protéger le consommateur britannique.

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Microsoft a promis de faciliter la concurrence, mais ses concessions n’ont pas convaincu. Le régulateur aurait préféré un changement structurel, qu’il renonce par exemple à ces pépites. C'est impensable pour Microsoft. La décision prise à Londres a réjoui le régulateur américain, lui aussi hostile à cette méga acquisition. Le groupe serait devenu alors le numéro trois mondial du jeu, derrière le Chinois Tencent et le Japonais Sony.

Le Royaume-Uni face aux Gafa

Cette décision prise à Londres peut-elle faire capoter la fusion ? A priori, elle ne concerne que le marché britannique, mais sur un marché aussi mondialisé, où le Royaume-Uni est sixième en termes de part de marché, difficile de se passer de son feu vert. Depuis le Brexit, les Britanniques s’affirment de plus en plus face aux Gafa et prennent régulièrement des décisions cherchant à limiter leur hégémonie.

Par exemple, l’autorité de contrôle de la concurrence a contraint Meta – la maison mère de Facebook – à revendre la startup Giphy. L'agence américaine Federal Trade Commission (FTC) est sur la même ligne. Elle cherche en ce moment à constituer une plainte anti-trust contre Amazon. Pour Microsoft, elle prendra sa décision au mois d’août, elle a déjà fait savoir qu’elle lui est défavorable. Les Européens rendront leur avis dans un mois.

Dicter les règles

Limiter la concentration est la première ligne de défense à la disposition des États. Ils ont commencé à reprendre la main et cherchent d'abord à empêcher ces entreprises déjà ultra dominantes d’étendre leur empire et leur emprise sur les consommateurs et les citoyens. Les régulateurs occidentaux veulent dorénavant dicter la règle du jeu, et ont des outils pour sanctionner les récalcitrants.

Le commissaire européen Thierry Breton a annoncé cette semaine qu’une vingtaine de plateformes, pour la plupart américaines, seraient soumises à des contrôles annuels très stricts pour vérifier qu’elles se conforment bien au Digital Services Act (DSA), le règlement européen récemment entré en vigueur. Le Royaume-Uni va se doter d’une législation similaire. Elle sera sous la coupe de l’autorité en charge des marchés et de la concurrence.

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