Tous les signaux le montrent, l'économie de la Russie est en train de fortement marquer le pas. En 2022, le pays a su résister au choc des sanctions occidentales, mais l'année 2023 présente un tout autre scénario.
Les sanctions occidentales ont, au début, plutôt renforcé la Russie, avec un prix du gaz et du pétrole qui a fortement augmenté l'an dernier. Le pays a profité de cette aubaine, malgré l'embargo européen, en vendant sa production à bas prix à la Chine ou à l'Inde. Mais, les prix du pétrole et du gaz ont fortement chuté depuis, et sur les quatre premiers mois de l'année, les revenus que tire Moscou des hydrocarbures ont plongé de 52% en glissement annuel, sous l'effet des sanctions occidentales.
Rappelons que la Russie est le premier exportateur mondial de brut et de produits raffinés confondus. Les dépenses militaires, elles, sont au plus haut et le déficit de la Russie creuse un trou abyssal dans les réserves financières. Autre problématique pour l'économie russe, les industries manquent de main-d'œuvre, en particulier dans la métallurgie et la pétrochimie, 300 000 hommes sont partis au front. Et le pays a perdu 1,3 million de jeunes de moins de 35 ans en 2022, d'après une étude récente du cabinet de consulting Finexpertiza.
La chute du rouble
Autre indicateur dans le rouge, le rouble est tombé ce lundi à son plus bas niveau depuis treize mois face au dollar, la monnaie russe a chuté de 20% depuis novembre face au billet vert. C'est notamment le reflet d'une détérioration de la balance commerciale : la Banque centrale russe a indiqué la semaine dernière que le solde des opérations courantes avec l'extérieur, qui prend en compte l'ensemble des échanges avec l'étranger, s'était contracté de 81% sur un an. Un chiffre impressionnant.
Mais cette baisse du rouble est aussi la conséquence de la mutinerie du week-end dernier. S'il est encore difficile de dire si le pouvoir russe a été affaibli par cet épisode, les investisseurs, eux, deviennent de plus en plus frileux et privilégient les valeurs refuges comme l'or.
Jusqu'à présent, le système financier russe a tout de même bien tenu, et la Banque centrale de Russie a certes perdu 300 milliards de dollars de réserves de change en or depuis le début de la guerre, mais elle a su empêcher un effondrement total de ce système financier. Jusqu'à quand ?
Un effritement, en grande partie, dû aux sanctions occidentales
Les sanctions occidentales pèsent de plus en plus lourd, et la Russie souffre économiquement de cet isolement international. Il faut rappeler que c'est la première fois qu’autant de sanctions sont mises en place contre un seul pays.
Du côté du PIB, l'année 2022 a été marquée par une récession en Russie. Ce que dit le FMI, c'est que la croissance sera de retour en 2023, mais attention, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que cette croissance aurait été bien plus forte en temps normal : la différence de niveau de production en Russie entre la période avant-guerre et des projections jusqu'en 2024 est de l'ordre de 15 à 20 points, selon l’économiste Nicolas Bouzou. Donc, la Russie paye un coût économique réel important. Le secteur de l'automobile, par exemple, est pratiquement à l'arrêt, car les constructeurs importaient beaucoup de matériel d'Allemagne.
Encore plus significatif, la capacité de l'industrie de défense russe à reconstituer son armement est affaiblie par ces sanctions. Cela dit, l'économie russe, il faut le constater, ne s'est pas effondrée… Jusqu'à quand va-t-elle tenir ? Là encore, cela dépend de nombreux paramètres, au premier rang desquels la durée de cette guerre.
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