Aujourd'hui l'économie

L’Occident à la contre-offensive face aux nouvelles routes de la soie

Publié le :

En marge du G20 de New Delhi, les occidentaux ont annoncé de grands projets d’infrastructure. (Image d'Illustration)
En marge du G20 de New Delhi, les occidentaux ont annoncé de grands projets d’infrastructure. (Image d'Illustration) © AP - Ajit Solanki
Publicité

En marge du G20 de New Delhi, les Occidentaux ont annoncé de grands projets d’infrastructure. D’une part pour mieux relier l’Inde à l’Europe en passant par le Moyen-Orient, d’autre part pour soutenir l’essor du commerce des matières premières en Afrique centrale.  

On a surtout parlé à New Delhi de ce corridor destiné à relier l’Inde au port de Marseille, via un chemin de fer, un câble transcontinental haut débit et même un gazoduc pour transporter de l’hydrogène vert. Cette nouvelle autoroute commerciale partira des rives indiennes du golfe Persique. Elle passera par les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, la Jordanie et Israël. Avec le rail, le transport entre l’Inde et l’Europe sera quarante fois plus rapide assure la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, l’une des signataires du protocole d’accord, aux côtés du président Joe Biden, du prince héritier saoudien Mohammed ben Salman et du Premier ministre indien, Narendra Modi. 

Un projet pharaonique porté par les Occidentaux qui rappelle furieusement le programme chinois des nouvelles routes de la soie 

Effectivement, dix ans après le lancement de nouvelles routes de la soie chinoises et en l’absence de Xi Jinping, représenté au G20 par son Premier ministre, les Occidentaux ont mis en scène une offensive de diplomatie économique en version XXL avec ce protocole d’accord préparé dans le plus grand secret. Un protocole d’accord, ce n’est qu’une toute première étape, tout reste à faire. De la conception au financement, sans parler du chantier en soi. L’Inde, qui a toujours été méfiante envers les largesses de Pékin est un partenaire enthousiaste. Dans la presse indienne, cette alliance a déjà été baptisée « la nouvelle route des épices ». Les pays émergents sont sortis renforcés de ce G20. Et les Occidentaux leur rappellent qu’ils ont encore des ressources à partager.  

D’abord un accès aux capitaux

Au moment où Pékin, confronté à ses propres difficultés économiques, et échaudé par les crises de la dette qui surgissent dans plusieurs pays où ont été réalisés des chantiers pharamineux, a sérieusement levé le pied sur le financement des routes de la soie. Jusqu’en 2027, l’Europe dispose d’une enveloppe de 300 milliards d’euros pour ces investissements en infrastructures qui sont financés dans les pays émergents ou en développement via son Global Gateway, son portail mondial lancé il y a deux ans. Les États-Unis ont adopté un programme équivalent, le Partenariat pour une infrastructure et un investissement global, qui avait été officialisé lors du précédent G20 à Bali en Indonésie.  

C’est aussi une opération reconquête au Moyen Orient 

L’Arabie saoudite avait été ostracisée après l’assassinat du journaliste Jamal Kashoogi il y a cinq ans, elle est à nouveau très courtisée. Les Américains surtout souhaitent raviver les relations avec leur allié historique. Rappelons que la Chine est devenu le premier client de la pétro-monarchie. Et l’Arabie est toujours et encore le ténor des marchés pétroliers, le pays qui a la capacité de mettre la pression sur le cours de l’or noir, avec la complicité de Moscou. On le voit en ce moment, le baril flirte à nouveau avec la barre des 100 dollars, parce que l’Opep+ a voulu refermer les vannes. Une flambée qui casse les efforts entrepris pour lutter contre l’inflation.  

En Afrique centrale, les Occidentaux veulent soutenir le rail des matières premières  

Il reliera la République Démocratique du Congo à l’Angola en traversant la Zambie pour acheminer des minerais. Le projet a été lancé dès cet été avec les Américains. À New Delhi, les Européens sont donc montés dans le train. Ensemble, ils doivent participer aux études préliminaires de faisabilité. À l’heure où l’Union africaine devient un membre permanent du G20, cette annonce est une déclinaison concrète de ce qui pourrait être une relation renouvelée entre le continent et l’Occident.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes