Aujourd'hui l'économie

Chine: les géants de l’immobilier en pleine crise

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La Chine a célébré dimanche 1er octobre sa fête nationale. La semaine de congés octroyée à cette occasion est une période traditionnellement favorable aux achats immobiliers. Mais le secteur est encore grippé. Septembre a été particulièrement éprouvant pour plusieurs géants de l'immobilier, Evergrande en tête. On a appris la semaine dernière que Xu Jiayin, le patron du promoteur Evergrande, faisait « l'objet de mesures coercitives ». Et ce n'est pas la seule secousse traversée par le groupe.

Un panneau d'Evergrande visible à proximité des bâtiments résidentiels d'un complexe résidentiel Evergrande à Pékin, en Chine, le 27 septembre 2023.
Un panneau d'Evergrande visible à proximité des bâtiments résidentiels d'un complexe résidentiel Evergrande à Pékin, en Chine, le 27 septembre 2023. © Florence Lo / Reuters
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Le jour même où Evergrande a annoncé que son patron était soupçonné « de crimes ou délit en infraction à la loi », l'action du groupe a été suspendue à la bourse de Hong Kong. Suspendue de nouveau, puisque la cotation l’avait déjà été pendant plus d'un an, faute pour l’entreprise d'avoir publié ses résultats financiers dans les temps. À la reprise, l'action s'était effondrée.

En début de semaine dernière, cette même action a encore dévissé d’environ 20%. Une désaffection des investisseurs liée à l'incapacité, annoncée par Evergrande, d'émettre de nouveaux emprunts obligataires. Une enquête en cours sur sa filiale Hengda Real Estate group, la principale branche de l'empire, l'en empêche.

Le hic, c'est que dans son plan de restructuration, Evergrande propose plusieurs options pour échanger une partie de sa dette – évaluée en juin à 307 milliards d’euros –, notamment contre de nouvelles obligations. Si elle ne peut pas émettre cet emprunt, l'opération est menacée.

Selon des indiscrétions de Reuters, un groupe de créanciers – détenteurs d'obligations dites offshore – menace de se joindre à une demande de mise en liquidation si Evergrande ne propose pas rapidement un nouveau plan de restructuration. Cela donnerait plus de poids à la requête déjà déposée par un investisseur.

Evergrande n’est pas seul dans la tempête. D'autres groupes sont en position périlleuse. L'un des géants, Country Gardenest, est lui aussi très endetté. En fin d'année dernière, sa dette était estimée à plus de 150 milliards d'euros. Les affaires ont été mauvaises au premier semestre 2023. Country Garden a essuyé pour plus de 6 milliards d'euros de pertes.

Depuis, sur le plan des créances, Country Garden s'est offert un nouveau sursis le mois dernier en parvenant à un accord avec ses créanciers, pendant que Sunac a fait valider un plan de restructuration. L'avenir de ces géants ultra-endettés dépendra aussi de la santé du secteur.

Tentatives pour redynamiser le marché

Or, le marché de l'immobilier chinois reste déprimé. Les difficultés d'Evergrande sont apparues au grand jour il y a déjà deux ans après un renforcement du contrôle des autorités chinoises sur le secteur immobilier, précisément pour limiter l'accès au crédit d’entreprises déjà très endettées. Et le secteur est toujours en crise. En septembre, Moody's a d'ailleurs abaissé la perspective de la note du secteur immobilier chinois de stable à négative.

Alors, les autorités essaient de redynamiser l'activité. Pour tenter de favoriser les prêts immobiliers, la banque centrale chinoise a réduit le taux de réserve obligatoire, le pourcentage des dépôts que les banques sont tenues de garder dans leurs coffres. Plusieurs grandes villes, dont Pékin, Shanghai et Canton, ont assoupli les critères d'accès aux prêts hypothécaires. Mais plusieurs analystes restent sceptiques quant à l'efficacité de ces mesures. 

Pourtant, il est important pour l'économie chinoise que le secteur se porte bien. Un effondrement de Country Garden, par exemple, pourrait avoir d'énormes conséquences sur le système financier chinois. Des logements resteraient inachevés, des fournisseurs impayés, des dizaines de milliers de personnes qui ont acheté sur plan risqueraient de ne pas récupérer leur argent.

Au sujet d'Evergrande, un analyste de Moody's cité par l'AFP n'écarte pas non plus l'hypothèse d'une contagion et d'une crise de confiance sur le marché de la dette dite « onshore ».

25% du PIB

Les secteurs de l'immobilier et de la construction ont longtemps représenté un quart du PIB de la Chine. Leur mauvaise santé pèse donc sur la reprise. Au printemps, la croissance économique de l'Empire du milieu s'est limitée à 0,8% en rythme trimestriel.

Résultat : des répercussions sont même envisageables au-delà des frontières. Les difficultés du secteur immobilier chinois sont, par exemple, citées parmi les menaces sur la croissance régionale par la Banque asiatique de développement.

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