Face au conflit au Proche-Orient, l’Ukraine craint d’être oubliée par ses alliés
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Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre et la reprise des hostilités au Proche-Orient, l’attention internationale est tout entière concentrée sur la situation dans la bande de Gaza et en Israël. Mais la guerre en Ukraine ne s'est pas arrêtée pour autant. L'ONU appelle à ne pas oublier Kiev.
Depuis l’invasion russe en février 2022, l’Ukraine dépend fortement de ses alliés tant sur le plan militaire qu’économique. Pour l’instant, les financements promis continuent à lui parvenir : le ministère des Finances ukrainien a fait savoir que Kiev avait reçu en octobre 2,8 milliards de dollars d’aide financière des États-Unis et de l’Union européenne. Des sommes qui doivent servir à financer les dépenses de l'État, la protection sociale, les salaires des enseignants et du personnel médical.
Mais alors que l’hiver approche et que le conflit s’est enlisé, Kiev craint que le conflit en cours entre Israël et le Hamas ne détourne l'attention de ses partenaires occidentaux, surtout au moment où Washington accentue son aide militaire à Israël. Inquiétude partagée par l’ONU : « Il est important de ne pas perdre de vue d'autres crises, en particulier une crise aussi brutale et de grande portée que celle provoquée par la guerre en Ukraine […] qui continue d'infliger des niveaux de souffrance inimaginable », a déclaré Ramesh Rajasingham, du bureau humanitaire des Nations unies.
Les républicains prêts à voter une aide à Israël mais pas à l’Ukraine
Une crainte loin d’être infondée. Aux États-Unis, le soutien à Israël et à l’Ukraine fait déjà l’objet d’un débat partisan. La Maison Blanche a promis à Kiev que son soutien à Israël ne se ferait pas à ses dépens, mais l’administration Biden a besoin d'un vote du Congrès pour une nouvelle tranche d'aide de 60 milliards de dollars à destination de l'Ukraine, pour moitié dépensés en armement. Il faut y ajouter un paquet de 14 milliards de dollars pour soutenir l'effort de guerre israélien.
Mais si les républicains qui contrôlent le Sénat sont traditionnellement favorables à Israël, ils sont en revanche beaucoup plus réticents à soutenir Kiev. Le nouveau speaker républicain Mike Johnson, issu des rangs de l’extrême droite trumpiste, se dit prêt à accorder une rallonge à Israël, mais exige un vote séparé sur les deux enveloppes. Ce serait une « victoire pour Poutine » a tenté d'argumenter Lloyd Austin, le patron du Pentagone.
Pour tenter d’éviter ce piège tendu, Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, a plaidé mardi devant le Sénat pour une enveloppe commune : « Poutine essaye de tirer profit de l'attaque du Hamas contre Israël. Il espère que cela va nous distraire, que les États-Unis vont se désintéresser de l'Ukraine, lui retirer ses ressources, son soutien. Pour nous, les deux sont liés », a-t-il ajouté avant de faire référence à l’Iran, à la fois allié du Hamas et de Moscou.
Kiev a d’autant plus besoin du soutien financier et militaire de ses alliés occidentaux que la Russie tourne son économie tout entière vers l’accroissement de son effort de guerre. La semaine dernière, la Douma – le Parlement russe – a voté une hausse de quasiment 70% du budget militaire de Moscou pour 2024. Le budget de la défense va dépasser 6% du PIB, du jamais vu dans l'histoire récente. Pour comparaison, les dépenses militaires en France atteignent 2% et 3% aux États-Unis.
L’économie ukrainienne résiste
Sur le plan économique, l'Ukraine est sous perfusion, mais prouve sa résilience. Pour la première fois depuis l'invasion russe, le pays a renoué avec la croissance au deuxième trimestre 2023, d’après les données de la Banque mondiale. Reste que l'économie ukrainienne souffre de la destruction des infrastructures par les bombardements russes et de la mobilisation : les hommes et les femmes sur le front ne font pas tourner l'économie.
La balance commerciale ukrainienne souffre aussi du refus de la Russie de renouveler l'accord d'exportation de céréales par la mer Noire. Cette semaine, le ministère ukrainien de l'Agriculture a fait savoir que malgré la mise en place de routes alternatives par le Danube, les exportations de céréales de Kiev avaient diminué de près de moitié cette année par rapport à octobre 2022.
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