COP28: comment éliminer l’autre gaz à effet de serre, le méthane?
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La COP28 démarre ce jeudi 30 novembre à Dubaï avec une priorité qui divise profondément les participants : il s'agit de la fin programmée des énergies fossiles. Bien d'autres sujets sont à l'agenda, tout aussi déterminants mais moins médiatisés. C'est le cas de la baisse des émissions de méthane. Un gaz à effet de serre beaucoup moins présent que le carbone mais beaucoup plus nocif pour le climat.

Son pouvoir de réchauffement est trente fois plus élevé que celui du carbone sur le très long terme. Le méthane existe à l’état naturel mais c’est la hausse des émissions provoquées par l’activité humaine qui est responsable pour un quart du réchauffement de la planète. Il y en a aujourd’hui 2,5 fois plus dans l’atmosphère qu’avant l’ère industrielle. Et les émissions augmentent très vite, de 13% par an.
En éliminant le méthane d’origine humaine, on marquerait rapidement des points contre le réchauffement, préconisent les experts du climat. Il y a deux ans, 150 pays ont pris l’engagement de réduire les émissions de méthane de 30% d'ici à 2030, mais avec peu de retombées concrètes pour le moment.
Réglementation
La COP28 peut faire bouger les lignes ? Elle a déjà produit des effets positifs dans le secteur des énergies fossiles, responsables de 35% des émanations de méthane d’origine humaine. L’extraction du charbon, du pétrole et du gaz s’accompagne systématiquement d’émissions de ce gaz. Les Européens arrivent à Dubaï en ayant accompli un premier pas, avec l'adoption il y a 15 jours d'une réglementation limitant les rejets. Comme les 27 sont aujourd’hui les plus gros acheteurs de gaz, leur standard peut s’appliquer bien au-delà des frontières de l'Union.
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Aux États-Unis, des taxes sur les émissions de méthane entreront en vigueur dès l’an prochain. Mais pour que la contrainte des États s'applique, il faudra être en mesure de contrôler la provenance des émissions de ce gaz très volatile. Là aussi, la COP28 a eu un effet mobilisateur. Notamment sur Exxon, la première compagnie pétrolière occidentale jusqu’alors fermement opposée au partenariat proposé par les Nations unies pour assurer la surveillance des émissions. Son PDG vient de changer d’avis. Un geste encourageant même si la compagnie demeure déterminée à exploiter les énergies fossiles le plus longtemps possible.
Revoir le modèle agricole
L’agriculture est le plus gros émetteur de méthane, CH4, devant l'industrie des hydrocarbures, à cause de la rumination des troupeaux élevés pour satisfaire la demande en viande, et à cause de la riziculture. Pour la céréale consommée par la moitié de la population mondiale, il y a des solutions techniques. La Chine a mis au point une variété destinée à l’Afrique consommant peu d’eau et émettant 70% de méthane en moins.
Pour l’élevage, c’est plus délicat. L'exemple des Pays-Bas sert de repoussoir. Le gouvernement prévoit d’abattre la moitié du troupeau devenu trop polluant mais il s'est heurté à la révolte des paysans. Les résistances au changement dans certaines catégories de population peuvent se révéler plus difficiles à surmonter que celles des lobbys industriels.
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