Le fonds de compensation des «pertes et préjudices» climatiques concrétisé à la COP28
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Plus de 140 chefs d'État doivent se succéder ces 1er et 2 décembre, à Dubaï, à la tribune de la COP28. La Conférence des Nations unies sur les changements climatiques qui s'est ouverte hier, jeudi 30 novembre, avec un premier temps fort : l'adoption de l'accord de mise en œuvre du fonds destiné à financer les « pertes et préjudices ».

Les « pertes et préjudices », ou selon les traductions les « pertes et dommages », désignent les dégâts, les pertes, qui surviennent malgré ou en l'absence de mesures pour limiter ou s'adapter à la hausse des températures. Et certains dégâts sont déjà inéluctables. Des pertes qui ne sont pas nécessairement économiques. L'héritage culturel, les savoirs autochtones peuvent être pris en compte au titre de ces pertes et préjudices.
Cet accord permet de concrétiser un fonds pour dédommager financièrement les pays en développement qui déplorent des pertes. Tous les détails du fonctionnement du fonds ne sont pas encore finalisés. Selon des observateurs, le futur conseil d'administration devra décider qui en bénéficiera et selon quels critères. Il pourrait servir, par exemple, à relocaliser des populations dont le territoire est menacé.
Il y aura un plancher pour les petits États insulaires et pour les pays les moins avancés. Ce fonds sera hébergé par la Banque mondiale pour les quatre prochaines années. Une solution provisoire. Les pays en développement y étaient en effet initialement opposés. Ils considèrent que l'institution de Washington est aux mains des Occidentaux et qu’elle est inadaptée à leurs besoins.
Pas d’obligation
Cette adoption a été saluée par une ovation des délégués des pays participants à la COP même si le « travail est loin d'être achevé », a souligné l'alliance des petits États insulaires.
L'une des limites du texte, c'est qu'il ne précise pas qui doit l'abonder, même si certains pays sont exhortés à le faire. Les États-Unis, notamment, ont fait pression pour que l'adhésion reste volontaire et non obligatoire.
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Pas non plus d'objectif chiffré. Les premières promesses ont tout de même commencé à pleuvoir pour un total d'environ 400 millions de dollars. D'autres annonces pourraient s'ajouter à l'occasion des prises de paroles des chefs d'État, car on est encore loin du compte. Les besoins sont mal évalués, mais une chose est sûre : ils ne se chiffrent pas en millions mais en centaines de milliards.
Résultat : cet accord ne « satisfait complètement personne, ce qui est plutôt un bon signe car s’il plaisait complètement à quelqu’un cela voudrait dire que quelqu’un se fait rouler », souligne une membre du Réseau Action Climat. Son adoption dès l'ouverture de la COP est en tout cas un signal encourageant. Un échec sur le fonds pertes et préjudices aurait encore accru les tensions entre le Nord et le Sud et pesé sur le reste des négociations de cette COP28.
Avec ces questions financières, il en va aussi de la crédibilité des pays développés dans les discussions. Leur engagement de fournir 100 milliards par an pour financer la transition énergétique et l'adaptation des pays les plus pauvres a sans doute été atteinte en 2022 selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), mais avec deux ans de retard. Par ailleurs, ces engagements restent loin des 2000 milliards de dollars nécessaires chaque année.
343 milliards de dollars non décaissés
Non seulement, les promesses ne sont pas suffisantes, mais elles ne sont en plus pas toujours tenues. Selon une étude de l'ONG One, près de deux tiers des engagements de financements climatiques recensés par l'OCDE entre 2013 et 2021 « n'ont jamais été déclarés comme décaissés » ou « n'étaient pas ou peu liés au climat ». Montant de la différence : 343 milliards de dollars. Or la question des financements est aussi une question de justice climatique.

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