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Pourquoi Moody’s met la Chine sous surveillance?

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Le surendettement de la Chine commence à devenir préoccupant selon Moody’s. La perspective de la note attribuée par l’agence américaine est passée hier de stable à négative. Les finances publiques de la deuxième économie mondiale sont-elles en péril ?

Le surendettement de la Chine commence à devenir préoccupant selon Moody’s. La perspective de la note attribuée par l’agence américaine est passée de stable à négative.
Le surendettement de la Chine commence à devenir préoccupant selon Moody’s. La perspective de la note attribuée par l’agence américaine est passée de stable à négative. REUTERS/Mike Segar/Files
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C’est la première fois depuis cinq ans que l’agence américaine revoit à la baisse son jugement sur les finances chinoises. Alors que le surendettement de la Chine est un phénomène connu de longue date. Si on ajoute dette privée et dette publique, la Chine est dorénavant aussi endettée que les États-Unis a récemment souligné le FMI. La dette de l’État a doublé en dix ans, elle représente maintenant 77% du PIB. Mais ce qui motive cet avertissement de Moody's, c'est la dette hors de contrôle des collectivités locales qui s'ajoute à celle de l'État et fait courir un risque aux finances publiques.

Une dette en partie cachée dont le volume exact n'est pas vraiment connu

La partie immergée représente environ la moitié du PIB chinois. Comme leur endettement est strictement encadré, les collectivités chinoises ont pris l’habitude de passer par des véhicules opaques levant de la dette sans les inscrire dans les comptes publics. Depuis une quinzaine d'années, c'est grâce à ce tour de passe-passe qu'elles parviennent aux objectifs de croissance fixés par le parti. Ces emprunts ont encore augmenté pendant le Covid. Les collectivités en mal de recettes fiscales se finançaient en vendant des terrains aux promoteurs. Cette source s’est complètement tarie avec la crise immobilière. Certaines provinces comme le Guizhou, dans le sud-ouest, sont maintenant au bord du défaut de paiement.

Une situation bien connue à Pékin : les autorités chinoises se démènent pour désamorcer cette bombe financière

Le gouvernement a tapé du poing sur la table au début du mois de novembre en rappelant les dirigeants locaux à l’ordre : ceux qui prennent le risque aujourd'hui d'émettre de nouvelles dettes cachées en seront tenus responsables à vie. Pour enrayer la débâcle financière qui menace, l’État cherche à convertir ces dettes cachées en les rachetant. Mais les 1000 milliards de yuan de dette émise en octobre pour colmater les brèches ne suffiront pas, estiment les experts. L’État doit donc emprunter davantage pour sortir du piège de la dette, une spirale dangereuse quand les recettes fiscales baissent. Avec le ralentissement de la croissance, Moody’s se demande si Pékin a encore des marges de manœuvre pour maitriser les finances publiques.

Quel impact concret aura la décision de Moody's?

Étant donné que la dette chinoise est détenue par des établissements chinois, ce coup de tonnerre aura peu de conséquences sur le prix de la dette chinoise. Avec cette mise en garde, l'agence américaine a voulu remettre les pendules à l'heure et signaler que la Chine n'est plus en mesure de signer des chèques illimités pour financer sa croissance à marche forcée. Un avertissement mal vécu à Pékin. Le ministre des Finances a immédiatement fait part de sa déception. Le yuan a pourtant fléchi après cette annonce, mais la banque centrale est immédiatement intervenue pour soutenir la monnaie chinoise.

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