L’économie palestinienne à l’épreuve de la guerre
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Depuis le 7 octobre, l’économie palestinienne est quasiment à l’arrêt, alerte la Banque mondiale, complètement asphyxiée par la guerre et les décisions du gouvernement israélien.
À l’aune des bombardements qui anéantissent et endeuillent la bande de Gaza, les difficultés endurées par les trois millions de Palestiniens habitant la Cisjordanie leur paraissent légères. C’est pourtant une crise économique sévère qui frappe l’ensemble des territoires, estime la Banque mondiale. Les dommages en vies humaines, en destruction des infrastructures et en déclin généralisé des revenus sont d'une ampleur sans précédent, précise ses experts.
Au lieu des 3 % de croissance escomptés cette année, le PIB des territoires palestiniens devrait reculer de 3,7 % en 2023. Le pouvoir d'achat s'était redressé depuis la fin de la pandémie, mais ces gains sont aujourd'hui complètement effacés par trois mois de guerre. La pauvreté touche à nouveau plus du quart de la population, elle dépasse le pic atteint en 2020, au plus fort du Covid.
Les travailleurs gazaouis brusquement sans emploi
Au lendemain du 7 octobre, les autorités israéliennes ont suspendu tous les permis de travail accordés aux résidents des territoires. Ils étaient environ 200 000 à travailler pour des entreprises israéliennes, essentiellement dans l’agriculture et le bâtiment. 20 % des travailleurs palestiniens se retrouvent ainsi privés de revenus, sans aucune indemnisation de leur employeur ou de l’autorité palestinienne. Le tourisme est également à l’arrêt. Faute de visiteurs, et d’entrain, la ville de Bethléem a préféré annuler les célébrations de Noël. Soixante-dix hôtels sont fermés, des milliers d'employés se retrouvent au chômage en pleine saison haute, une période qui génère environ les deux tiers des revenus du tourisme.
La quasi-paralysie de l’économie a fait chuter la consommation, le chiffre d'affaires de certains magasins a diminué de moitié. Les contrôles de l'armée israélienne, les restrictions de la circulation et l'insécurité liées aux attaques des colons bloquent des dizaines de milliers de Palestiniens chez eux, les empêchant d'aller travailler. Les chauffeurs routiers poursuivent leur activité au ralenti, les taxis de Ramallah n’osent plus guère s’aventurer hors de la ville.
Paralysie économique
Privée de rentrées fiscales, l'autorité palestinienne est aujourd'hui dans l'incapacité de payer les fonctionnaires. Les salaires n'ont été versés ni en octobre, ni en novembre. Car le ministre israélien des Finances bloque le versement des taxes que l’autorité perçoit sur les importations réalisées depuis le port israélien de Hashdod. Cela représente en temps normal 64 % de ses recettes. Avec la chute de l'activité économique, l'autorité a perdu 80 % de ses revenus. Et pour le moment, les États du Golfe ne lui sont d’aucun secours. Les bailleurs traditionnels non plus. À cause de la corruption, ils concentrent dorénavant leur versement sur les investissements et ne couvrent quasiment plus le budget de fonctionnement de l'autorité palestinienne.
Seule de l'aide humanitaire d'urgence est distribuée via la Banque mondiale. Jusqu'alors plutôt bien administrées, les banques palestiniennes sont aujourd'hui en péril. Le taux des chèques en bois a plus que doublé et les banques redoutent les conséquences des destructions massives dans la banque de Gaza. Les prêts accordés à ceux qui ont voulu construire ou acheter leur logement ne seront sans doute jamais remboursés. On parle d'une créance totale d’un milliard de dollars.
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