Aujourd'hui l'économie

En France, Alizés et son cargo à voile pour économiser du carburant

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Toute cette semaine, Aujourd'hui l'économie met en avant cinq entreprises dont les initiatives contribuent à verdir leur secteur d’activité. Pour ce troisième épisode, RFI a visité le premier cargo à voile du monde : Canopée, qui bat pavillon français. Le navire, exploité par la co-entreprise Alizés, transporte depuis cet automne des pièces de la fusée Ariane 6 vers la Guyane.

Le «Canopée», navire de type cargo à voiles, transporte les pièces de la fusée «Ariane 6».
Le «Canopée», navire de type cargo à voiles, transporte les pièces de la fusée «Ariane 6». © Alizés
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C’est un cargo de 121 mètres de long sur 22 mètres de large qui dénote au milieu du port du Havre. Sa particularité : ses quatre mâts de 37 mètres de haut. « C’est un  bateau hybride équipé de deux moteurs et donc de deux hélices, explique Arthur Landormy responsable des opérations chez Alizés, la co-entreprise créée entre Zéphyr & Borée et Jifmar Offshore Services. Le moteur permet la propulsion classique, les manœuvres dans le chenal et la navigation. Et dès que la situation le permet, on va hisser les voiles ». Mais ici, plus que de simple voiles, l’équipage parle d’« ailes » qui, une fois dépliées, atteignent une surface de 363m2. « On parle d’ailes, détaille Arthur Landormy, parce qu’on peut venir reproduire la forme d’une aile d’avion qui a la plus grande portance, et donc la plus grande efficacité. » 

Pour déployer ces ailes donc, direction la cabine de commande sur la passerelle. Sur un écran, un algorithme centralise les données météo, les vents. Tout est enregistré pour optimiser les performances du navire, une fois en haute mer. « L’idée, c’est d'utiliser ces ailes avec le moins d’action humaine possible, décrit le capitaine de Canopée, Yann Mougerou. Le système permet de les hisser, ou de les affaler, donc les descendre. Et après, nous, on va essayer d’aller jouer avec les angles de vent pour gagner en économie de gazole. »

30% d’économie de carburant

Car c’est bien l’objectif de ce cargo à voile : Canopée promet à ses clients jusqu’à 30% d’économie de carburant. « Il y a un but économique, c’est de moins payer. Forcément, un bateau, ça coûte cher, et le fait de rajouter des voiles, ça coûte encore plus cher, détaille Arthur Landormy, mais ce surcoût va être amorti par les économies de gazole. » Canopée vient de réaliser son premier aller-retour entre l’Europe et la Guyane, avec à son bord des pièces de la fusée Ariane 6. « On est plutôt content des premiers résultats, confie Arthur Landormy, même s’il nous faudra une année complète pour dresser un bilan. »

« Le vent, disponible partout et gratuit »

Mais à l’heure où les acteurs du transport maritime – qui représente 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre – cherchent à décarboner leur secteur, ces systèmes de propulsion à voile sont aussi une chance, estime Arthur Landormy : « Il y a quelque chose qui est disponible sur toute la planète et qui est gratuit : c’est le vent. Ce n’est pas un retour en arrière, c’est revenir à quelque chose de plus simple. On voit qu’aujourd’hui, différents armateurs pensent à intégrer des systèmes véliques, et donc à réduire leur consommation de carburant. C’est ce qu’il faut absolument faire : changer notre façon de transporter les choses, si on veut un avenir plus vert. »

Un objectif d’autant plus pressant qu’à partir du 1er janvier 2024, la loi change dans l’Union européenne, avec l’entrée en vigueur d’une taxe carbone dans le transport maritime : les entreprises vont devoir commencer à payer en fonction des émissions de leur navires.

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