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La Chine table sur une croissance à 5% en 2024: assez pour sortir de la crise?

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La Chine s'est fixé un objectif de 5% de croissance pour 2024. Le Premier ministre Li Qiang l'a annoncé devant l’Assemblée nationale populaire, la grand-messe annuelle du Parti communiste chinois. Cet objectif suffira-t-il à redresser une économie toujours plombée par la crise immobilière ? 

Le Premier ministre chinois Li Qiang s'exprime ici lors de la 54e réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos, en Suisse, le 16 janvier 2024. (Image d'illustration)
Le Premier ministre chinois Li Qiang s'exprime ici lors de la 54e réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos, en Suisse, le 16 janvier 2024. (Image d'illustration) REUTERS - DENIS BALIBOUSE
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Cinq pour cent en 2024, comme en 2023. Est-ce à la hauteur pour sortir de la crise ? Eh bien, cela dépendra de la capacité de la Chine à y parvenir. Faire un bond de 5% en 2023 après une année 2022 de stagnation pour cause de confinement était relativement aisé. Mais entre 2023 et 2024, la marche est beaucoup plus haute alors que le contexte est toujours morose : l’immobilier est en crise, le moteur de la consommation grippé par la déflation, avec des prix en baisse depuis plusieurs mois et enfin des investissements étrangers en rade. Ils sont retombés à leur niveau de 1983. Le Premier ministre a lui-même reconnu que cet objectif de 5% de croissance ne sera pas facile à atteindre.

Pas de relance en vue

Malgré les difficultés, le gouvernement chinois n'envisage toujours pas de plan de relance. En témoigne l'objectif de déficit à 3%, c'est le même qu’en 2023. L’État n’a donc pas l’intention de dépenser plus pour ranimer la croissance. En revanche, il est prêt à emprunter un milliard de yuans. Cette obligation destinée à soutenir des priorités stratégiques n'est pas incluse dans le périmètre du déficit budgétaire, c'est le seul geste de soutien à l'économie. Il est notable, la Chine a lancé un emprunt similaire en 2020 pour faire face aux dépenses liées au Covid.

L’abandon du Graal de la croissance

La prodigieuse croissance, qui a caractérisé le développement de la Chine depuis trente ans, a longtemps été présentée comme une priorité absolue du régime communiste. Les prédécesseurs de Xi Jinping ont réformé l’économie en promettant en échange la hausse générale du niveau de vie et un enrichissement ultra-rapide pour les plus audacieux. Mais ce n’est plus la ligne officielle. Selon Xi Jinping, l’économie est en transition. Cette mutation génère des frictions, des peines qui sont passagères. Il n’y a pas de quoi sortir le bazooka monétaire comme c’était de mise après la crise financière de 2008, ou après le krach de la Bourse en 2015.

La sécurité plutôt que la prospérité

La sécurité compte plus que l’économie, selon le président Xi Jinping. En témoigne la hausse du budget de la défense : +7%. Un effort du même tonneau que l'année dernière. En « normalisant » sa politique économique, la Chine se rapproche des économies occidentales qui connaissent, elles aussi, des croissances bien plus modérées. Sauf qu'elle n'est pas encore parvenue au même niveau de développement. La deuxième puissance économique mondiale a un PIB par habitant comparable à celui de la Thaïlande ou de l'Algérie, presque quatre fois moindre que celui des États-Unis.

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