Aujourd'hui l'économie

Pourquoi le travail des enfants explose aux États-Unis

Publié le :

Aux États-Unis, le travail des enfants est en pleine expansion, au mépris des lois fédérales interdisant l’emploi des moins de quatorze ans.

 L'arrivée massive de jeunes migrants d'Amérique latine profite aux employeurs peu scrupuleux (photo d'illustration).
L'arrivée massive de jeunes migrants d'Amérique latine profite aux employeurs peu scrupuleux (photo d'illustration). © Reuters/Jose Luis Gonzalez
Publicité

D’après le ministère américain du Travail, l’emploi des 16-19 ans a culminé l’année dernière, à un niveau comparable au pic de 2009, c’est-à-dire l’année où les ménages américains se débattent avec les retombées de la grande crise financière. Le travail des ados américains explose, mais il est de plus en plus souvent hors la loi.

Les infractions à la législation sur le travail des mineurs ont triplé en dix ans. C’est dans la restauration rapide et l’industrie agro-alimentaire que les excès sont les plus répandus. Sur le banc des accusés, dénoncés par la presse américaine, on retrouve très souvent les abattoirs, employant des enfants de 13 ans.

L’envers du plein emploi

Depuis la grande vague de démission liée au Covid, les employeurs font face à une pénurie de main d’œuvre, les plus jeunes pallient en partie le départ des anciens. L’inflation a aussi propulsé la demande. Les jeunes travaillent de plus en plus tôt et de plus en plus pour aider leur famille à joindre les deux bouts.

À partir de 2021, l’arrivée massive de jeunes migrants non accompagnés, en provenance surtout du Guatemala et du Honduras, a aussi comblé les attentes des employeurs sans scrupules. Ces jeunes acceptent les jobs les plus durs et les plus risqués pour survivre et envoyer de l’argent à leurs parents. La presse américaine a multiplié les reportages sur les ruferitos, les enfants couvreurs. Un métier pourtant strictement interdit aux moins de 18 ans, où l’on déplore une centaine de morts par an, sans qu’on connaisse le nombre de mineurs concernés puisqu’ils ne sont pas déclarés.

La lutte contre les abus en échec

Selon la loi américaine, le travail des enfants est autorisé mais avec un certain nombre de garde-fou. Depuis 1938, le travail des moins de quatorze ans est interdit et les emplois dangereux réservés à ceux qui ont plus de 16 ans. Le travail en soirée est strictement encadré pour permettre aux enfants de suivre normalement leur scolarité.

L’an dernier, face à l’ampleur des abus dénoncés par la presse, l’administration Biden a promis de durcir la lutte contre l'exploitation des mineurs. En reconnaissant que les amendes de 15 000 dollars maximum sont bien trop légères pour dissuader les entreprises. Et en demandant une enveloppe de 100 millions de dollars au congrès pour renforcer les contrôles.

Une loi de plus en plus contestée

Certains républicains veulent au contraire assouplir la réglementation fédérale. Selon le Washington Post19 États veulent faciliter l’emploi des enfants. En supprimant par exemple l’autorisation préalable demandée aux parents et à l’école, ou en autorisant le travail en soirée ou dans des secteurs à risque.

Mais les entreprises soucieuses de leur réputation sont aussi en train de multiplier les contrôles internes pour éliminer les infractions. Reste le trou noir de la sous-traitance, le terrain le plus propice aux abus et le plus difficile à surveiller.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes