Aujourd'hui l'économie

L’intelligence artificielle, une bulle qui gonfle artificiellement la croissance américaine?

Publié le :

Portée par des investissements colossaux, l’intelligence artificielle (IA) fait aujourd’hui tourner la machine économique américaine. Mais cette frénésie, comparable à une bulle spéculative, pourrait bien n’être qu’un souffle artificiel sur la croissance des États-Unis.

Intelligence artificielle.
Intelligence artificielle. © Oliver Berg/picture alliance via Getty Images
Publicité

L’intelligence artificielle, dont on parle presque chaque jour, attire des investissements absolument colossaux et des valorisations d’entreprises hors normes. Mais le revers de la médaille, c’est que cette effervescence fait planer le spectre d’une bulle spéculative sur l’économie américaine. Même les géants du secteur s’en inquiètent. Sam Altman, patron d’OpenAI, et Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, reconnaissent tous deux que le marché de l’IA est probablement entré dans une phase d’excès. Selon la banque Morgan Stanley, 3 000 milliards de dollars seront investis dans des centres de données d’ici à 2029.

Et la dynamique est déjà bien lancée. Les « Sept Magnifiques » – Microsoft, Amazon, Google, Meta, Apple, Nvidia et Tesla – ont dépensé plus de 350 milliards de dollars cette année pour des projets liés à l’IA sur le sol américain. Ces sommes gigantesques soutiennent clairement la croissance du pays. D’après la Deutsche Bank, sans ces investissements technologiques, les États-Unis seraient déjà en récession. En clair, ce sont aujourd’hui les chantiers d’infrastructures de l’IA – data centers, réseaux et serveurs – qui maintiennent la croissance américaine à flot.

À lire aussiL'intelligence artificielle, moteur ou frein de l'activité boursière?

Des promesses de productivité encore très théoriques

Mais une fois ces gigantesques sites sortis de terre, une question se pose : d’où viendra la croissance ? Les économistes et les grands patrons comptent sur les gains de productivité promis par les outils d’IA comme ChatGPT, Copilot ou Perplexity. L’idée est simple : un salarié aidé par l’intelligence artificielle serait plus efficace, accomplirait davantage de tâches et, finalement, générerait plus de valeur pour son entreprise – donc pour l’économie.

Mais pour l’heure, cela reste largement théorique. Une étude récente du MIT menée sur 300 entreprises ayant intégré des outils d’IA montre que 95 % d’entre elles n’ont observé aucun retour sur investissement. Oui, il y a des gains de productivité individuelle, mais aucun effet réel sur les bénéfices. Les entreprises veulent croire à un effet différé, sur le long terme, mais l’attente crée de l’incertitude – et donc de la fragilité pour la croissance américaine.

À lire aussiL'intelligence artificielle, nouvel atout caché des salariés

Une économie sous perfusion technologique

Car aujourd’hui, l’économie américaine repose largement sur l’investissement technologique. Les marchés boursiers sont dopés par la promesse de l’IA, tandis que la dette des entreprises gonfle pour suivre la cadence. Et la question demeure : jusqu’à quand ce rythme peut-il tenir ?

Si le cycle d’investissement venait à s’interrompre, c’est tout l’édifice bâti autour de l’intelligence artificielle qui risquerait de vaciller. Pour l’instant, beaucoup d’argent est dépensé sans retour immédiat, et l’IA n’a pas encore prouvé qu’elle pouvait devenir un moteur durable de croissance. Reste donc à savoir si l’intelligence artificielle sera le nouvel élan économique des États-Unis ou simplement une bulle technologique de plus. Une chose est sûre : avec une technologie fondée sur la rapidité et l’immédiateté, il faudra paradoxalement faire preuve de patience.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes