Amazon, le géant du commerce en ligne a annoncé la suppression de 14 000 postes liée « en grande partie au développement de l’IA » selon l’entreprise. Une annonce qui ravive les craintes dans certaines professions particulièrement exposées, car l’essor de l’intelligence artificielle pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’emploi dans le monde.

Amazon présente ces 14 000 licenciements comme la première étape d’une vague qui pourrait concerner 30 000 personnes au sein du groupe qui emploie 1,5 million de salariés à travers le monde. Mais le géant du commerce en ligne n’est pas la seule entreprise à avoir annoncé des départs en raison de l’IA. Et si le phénomène reste progressif pour le moment, les effets de l’essor de l’IA se font en effet déjà lourdement sentir en particulier aux États-Unis.
Au sein du cabinet de conseil Accenture, 12 000 postes ont été supprimés au cours des trois derniers mois, des employés « qui ne pourront pas apprendre les compétences nécessaires pour utiliser l'IA » selon la direction du groupe, qui a prévenu les autres salariés : ceux qui ne s'adapteront pas à cette nouvelle technologie pourraient subir le même sort. Microsoft, de son côté, a licencié 15 000 employés cette année, et de nombreux observateurs font le lien entre cette cure d'amaigrissement et le déploiement de l'intelligence artificielle.
Chez Amazon, les emplois touchés sont pour la plupart dans les bureaux (les « cols blancs ») et non pas dans les entrepôts. Parmi les métiers les plus exposés ce sont logiquement ceux qui reposent sur le traitement de données et les tâches numériques qui peuvent être facilement automatisées, cela concerne donc en particulier l’analyse de données, la comptabilité, tout ce qui est de l'ordre des supports informatiques, mais aussi des services clients, des achats...
Le patron de la chaîne américaine de supermarchés Walmart, le plus gros employeur des États-Unis a estimé qu’il ne connaissait pas un seul métier, un seul secteur, qui ne sera pas affecté par l’arrivée de l’IA.
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« Job apocalypse »?
Qu'en est-il vraiment du nombre d'employés menacés ?
Plusieurs études vont du scénario le plus optimiste au scénario catastrophe, certaines prédictions parlent même de « job apocalypse ». Mais si l’on s’en tient au rapport de l'Organisation internationale du travail (OIT) datant de 2023, il semblerait qu'environ 2,3% des emplois dans le monde, et jusqu'à 5% dans les pays riches, pourraient, en théorie, être entièrement automatisée par l'intelligence artificielle.
L'OIT précise qu'il s'agit d'un potentiel, pas d'une prévision. En revanche, près de 60% des métiers dans le monde sont partiellement exposés à l'automatisation par l'IA, c’est donc plutôt à une évolution de la plupart des métiers qu’il faut s’attendre, et le tsunami de licenciements prévu par certains se traduira plutôt par une adaptation de secteurs entiers.
Certains comparent l’arrivée de l’IA sur le marché du travail à celui d’internet, alors l'inconnu est la suivante : quelle sera la rapidité du développement de ce nouveau bouleversement technologique, plusieurs décennies, plusieurs mois ou plusieurs années ? Pour ce qui est de l'IA, tout va déjà très vite et notre capacité à intégrer cette nouvelle donne est la clé pour les employeurs, la formation jouera bien sûr un rôle essentiel.
Nécessité de rentabiliser les investissements dans l'IA
Au final, il est intéressant de poser la question de savoir de ces annonces de licenciements, sont elles réellement toutes motivées par l’arrivée de l’IA ? Mais l'intelligence artificielle joue certainement un rôle. Si ce n’est en raison de l’automatisation de certaines tâches, c'est a minima en raison d'une nécessité d'amortir les investissements colossaux dans les infrastructures de l’IA. Amazon a ainsi annoncé, dans la foulée de cette vague de licenciements, un investissement de cinq milliards de dollars en Corée du Sud, notamment pour y construire des centres de données IA à horizon 2031.
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