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Les ennuis de Boeing font les affaires d’Airbus

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Boeing et Airbus règnent sans partage sur le marché des avions depuis plus de vingt ans. Les problèmes à répétition du 737 MAX de Boeing sont en train de déséquilibrer ce duopole, au profit du constructeur européen.

Le Boeing 737-900 du vol 337 d'Alaska Airlines en provenance de Fort Lauderdale (Floride) atterrit à l'aéroport international de Portland (Oregon), le samedi 6 janvier 2024.
Le Boeing 737-900 du vol 337 d'Alaska Airlines en provenance de Fort Lauderdale (Floride) atterrit à l'aéroport international de Portland (Oregon), le samedi 6 janvier 2024. AP - Craig Mitchelldyer
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Aujourd'hui, quasiment tous les indicateurs sont favorables au groupe européen. À commencer par le plus sensible, la Bourse. L'accident spectaculaire de vendredi dernier, une porte arrachée en plein vol sur un 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines, a fait perdre 9% à l'action de Boeing. Un titre en pleine déconfiture depuis 2019, l’année du second crash mortel survenu sur un 737 MAX. L'année aussi où la Chine a suspendu ses commandes à l'américain. En quatre ans, Boeing a perdu 45% de sa valeur tandis qu’Airbus a gagné 26%. Airbus est une entreprise rentable, qui dégage des bénéfices. Le constructeur européen est le numéro un pour les commandes comme pour les livraisons d'avions, pendant que Boeing accumule les pertes et traîne une dette avoisinant les 40 milliards de dollars.

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Airbus a creusé l’écart avec Boeing avec les monocouloirs lancés en 2010

C'est la famille des A320neo qui fait la fortune de l'Européen. Cette gamme plus sobre en consommation d'énergie a très vite séduit les compagnies aériennes. C'est le créneau le plus porteur du marché et 70% des commandes sont passées chez l’avionneur européen. Dans l'espoir de rattraper son retard, Boeing sort, en 2017, le 737 MAX. Mais l’avion n’a cessé de plomber la compagnie avec deux catastrophes mortelles en Malaisie et en Éthiopie, puis des problèmes techniques récurrents.

Des problèmes que le constructeur semble incapable de résoudre

Sait-il encore construire un avion, interrogent les analystes les plus impitoyables. Boeing a longtemps préféré choyer les investisseurs en pratiquant le rachat d’actions pour gonfler sa valeur plutôt que de dépenser dans la sécurité. Et parce qu’il faut faire du chiffre, et donc sortir des avions des usines pour dégager des bénéfices, priorité a été donnée à l’accélération des cadences. Une stratégie qui n’est plus tenable aujourd’hui. L’avionneur doit rapidement serrer les boulons sur toutes ses lignes de production pour conserver la confiance de ses clients.

Les clients pourraient fuir le constructeur américain ?

Étant donné les tensions entre l’offre et la demande, ce risque est extrêmement faible. Depuis le Covid, les délais de fabrication se sont encore rallongés. Il faut attendre maintenant sept ans avant qu’Airbus ne livre un appareil, cinq ans pour Boeing. Changer de fournisseur en cours de route, c’est repousser de plusieurs années la réception d’un nouvel appareil. Or, les compagnies ont des besoins toujours plus grands. Il y a donc de quoi remplir les carnets de commandes des deux rivaux pour de longues années.

Le chinois Comac est en embuscade avec son monocouloir C919. Il est en service en Chine depuis quelques mois, mais n'a toujours pas obtenu le sésame pour voler en Europe. Un sérieux frein au développement commercial.

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