Airbnb face aux grandes villes, vers la fin des locations touristiques incontrôlées?
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Face à l’essor des locations touristiques de courte durée, des métropoles du monde entier serrent la vis à Airbnb. Derrière l’attrait économique, une crise du logement s’intensifie, poussant les autorités à réguler plus strictement la plateforme.

Depuis sa création dans les années 2010, Airbnb a révolutionné le tourisme urbain. Son concept simple – louer un appartement entre particuliers, souvent moins cher qu’un hôtel – a rapidement séduit des millions de voyageurs et de propriétaires à la recherche de revenus complémentaires. En 2024, plus de 715 millions de nuitées ont été réservées en Europe via les plateformes de location de courte durée. Mais ce succès planétaire n’est pas sans conséquences. Dans de nombreuses villes, les habitants voient leur quotidien bouleversé. Les quartiers sont transformés, les commerces de proximité remplacés par des boutiques à souvenirs, les flux touristiques s'intensifient et surtout, certaines grandes villes subissent une flambée des prix de l’immobilier.
La crise du logement s’aggrave
L’impact sur le logement est désormais difficile à ignorer. À Barcelone, les loyers ont grimpé de 72% en dix ans, rendant la vie quotidienne des habitants plus complexe. À Paris ou Marseille, certains quartiers sont devenus inaccessibles pour les classes moyennes ou les étudiants, car les biens sont massivement réservés à la location touristique. Un appartement destiné à Airbnb n’est plus un logement disponible pour une famille ou un salarié. Résultat : une rareté croissante des logements longue durée, qui alimente mécaniquement la hausse des prix et accentue les tensions sociales.
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Des villes avec des régulations plus strictes
Face à cette situation, plusieurs grandes villes ont décidé de reprendre la main. Barcelone a mené un combat frontal contre Airbnb : d’ici 2028, toutes les locations touristiques de particuliers y seront interdites pour remettre ces logements sur le marché résidentiel. En France, de nombreuses métropoles limitent déjà le nombre de jours de location autorisés chaque année. À New York, la réglementation mise en place en 2023 a été encore plus radicale, faisant chuter de 90 % les annonces Airbnb dans la ville.
Si l’efficacité de ces mesures reste inégale – notamment en raison des recours juridiques lancés par la plateforme –, une chose semble claire : le modèle Airbnb sans encadrement touche à sa fin. Les débats actuels s’orientent désormais vers des solutions plus nuancées : incitations fiscales pour favoriser la location à l’année, quotas par quartier, ou encore locations hybrides (neuf mois pour un étudiant, trois mois pour des touristes). Car l'objectif pour les grandes villes est simple : retrouver la maîtrise de leur territoire et préserver la qualité de vie de leurs habitants.
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