Questions d'environnement

À Mexico, un véritable défi pour s’approvisionner en eau

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Alors que du temps des Aztèques, la capitale mexicaine était faite de canaux et de cultures flottantes, construite sur un ilot au milieu d'un lac gigantesque, Mexico connait aujourd’hui un véritable défi pour s’approvisionner en eau. Plus de 370 000 personnes n’ont pas accès à l’eau dans la capitale, qui connait une sècheresse chronique des plus inquiétantes. Pourtant, Mexico dispose d’un système d’alimentation en eau gigantesque.

Le lac de la petite ville de montagne Valle de Bravo alimente la ville de Mexico en eau.
Le lac de la petite ville de montagne Valle de Bravo alimente la ville de Mexico en eau. © AP/Marco Ugarte
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Même si la majorité des habitants ne la boit pas et qu’elle est parfois chargée de sable, l’eau coule du robinet à Mexico. Pour aller à la source de ce petit miracle, il faut partir loin. 

À plus de 130 kilomètres de là, dans l’état de Mexico voisin, la capitale pompe dans la retenue du barrage de Valle de Bravo. Grâce à son lac, la petite ville de montagne est devenue une destination de fin de semaine prisée pour ses paysages et ses activités en plein air. Mauricio Mercado, de l’association Cambi arte, veut montrer ce qu’il advient de son précieux lac : « Tout ça, c’était de l’eau… »

À travers les herbes et dans la boue, il faut marcher plusieurs dizaines de mètres avant d’atteindre le bord de l’eau : « L'eau devrait être bien au-dessus de nous, mais le niveau a baissé énormément. Ceci est historique. Jamais dans l’histoire de Valle de Bravo, l’eau n’a été si basse Et ça continue de baisser : entre 10 et 15 centimètres environ chaque jour, ça ne s’arrête pas. Et même si nous sommes en période de pluie, ça continue de baisser. Si cela s’assèche, concrètement combien de personnes vont souffrir du manque d’eau à Mexico ? »

Réseau vieillissant

Depuis quelques mois, le système Cutzamala a fortement réduit sa distribution d’eau à la capitale. Le réseau vieillissant de Mexico en perd presque la moitié à cause de fuites. Et certains habitants sont fréquemment victimes de coupures.

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Alors, dès le printemps, la maire de Mexico, Claudia Sheinbaum, a présenté un plan d’urgence pour trouver d’autres sources en eau et compenser les pertes : « En plus, nous menons d’autres actions dans la ville pour réduire les fuites, réparer des puits et gagner en efficacité. Peut-être que nous n’atteindrons pas les 2  500 litres d’eau par seconde qui nous manquent du Cutzamala, mais on va probablement récupérer 1 000 litres par seconde. »

Pollution et déforestation

La région est censée jouer le rôle d’un grand réservoir humide entre les volcans et la forêt, mais Mauricio déplore l’altération du cycle de l’eau en pointant l’un des sommets qui entoure le lac : le cerro cualtenco caché dans un épais brouillard : « C’est le seul mont qui joue encore son rôle. On dit qu’il respire quand on voit au fur et à mesure de la journée un nuage qui s’en élève. Plus tard, il se condensera et tombera sous forme de pluie. Les autres forets n’assurent plus cette fonction. »

La déforestation et l’étalement urbain épuisent l’eau de Valle de Bravo et les rejets sauvages de ses eaux résiduelles polluent les rivières qui alimentent le lac. Sa survie est sérieusement menacée et Mauricio dénonce un abandon total des pouvoirs publics : « Il y a quelque temps, nous avons eu une réunion avec le gouvernement et le plan n’était pas de sauver le lac, mais voir comment réactiver l’économie quand il ne sera plus là. »

Le système de distribution dont dépend Valle de Bravo n’est plus qu’à un tiers de sa capacité initiale. Pour Sandro Cusi, de l’association Procuenca qui préserve le bassin versant, les habitants et les communautés indigènes de ces territoires doivent être beaucoup plus impliquées dans la gestion des ressources. Il s’agit là d’une question de justice sociale : « Si tu donnes une valeur aux ressources hydriques et à l’eau qu’on envoie depuis ici à la ville de Mexico, en volume et en qualité... contre ce qui est investi en retour pour avoir des forêts saines, des rivières propres, des communautés durables et la lutte contre la pauvreté, eh bien, il y a un déséquilibre total. »

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