La Ligue de football professionnel a décidé de dénoncer le contrat la liant au groupe sino-espagnol Mediapro.

Jusqu’au 23 décembre, pour regarder 80% des matchs du Championnat de France de football, en Ligue 1 comme en Ligue 2, il faut passer en France par la chaîne Téléfoot, créée cet été par Mediapro, un groupe fondé par le Catalan Jaume Roures, avec un actionnaire chinois, le fonds Hontaï Capital. Après le 23 décembre, eh bien, la Ligue de football professionnel a dénoncé son contrat et cherche désormais un autre diffuseur. On pense évidemment à Canal+, le partenaire historique du foot français, que l’on sait intéressé par cette diffusion, mais pas à n’importe quelle condition. Autrement dit, pas au prix de 800 millions d’euros par an qu’était censé payer Mediapro, je dis bien censé car le groupe est en retard de deux versements et n’a en réalité payé en tout et pour tout que 175 millions d’euros.
Alors, pour se justifier, le groupe catalan a invoqué les conditions très difficiles de la saison avec la crise sanitaire, ses matchs reportés, ses stades vides et ses craintes sur le porte-monnaie des Français. Mais l’on dit aussi que Mediapro est exsangue, qu’il serait monté trop haut dans les enchères de la Ligue, si l’on se souvient qu’en 2018, le groupe a damné le pion à Canal+ en faisant une offre très généreuse, difficile à rentabiliser, sauf à réunir plus de 3 millions et demi d’abonnés, ce qui est énorme pour une chaîne uniquement consacrée au foot. Téléfoot laisse aujourd’hui une centaine de salariés sur le carreau.
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Ce qui est sûr, c’est que Canal+ ne fera pas la même erreur. On dit d’ailleurs de son patron, Vincent Bolloré, que c’est un remarquable acheteur à la baisse. Il devrait donc exiger que l’on revoit la facture très en dessous du prix que payait Mediapro, étant le seul dans les chaînes payantes à pouvoir proposer une solution de remplacement immédiatement opérationnelle. L’inconvénient, c’est que les clubs de foot, qui vivent en bonne partie des droits de la télévision et ne touchent plus les entrées des stades du fait du Covid, risquent de s’appauvrir. C’est ce qui amène certains, comme Jean-Michel Aulas, le patron de l’OL, à penser qu’on devrait lancer un nouvel appel d’offres pour laisser à d’autres, les géants du numérique ou l’allemand DAZN, qui s’est lancé en France début décembre, la possibilité de candidater. Une chose est sûre, c’est que la faillite de Mediapro va laisser des traces alors que la Ligue s’était réjouie d’avoir atteint 1,15 milliard d’euros pour ses droits en 2020-2023. Cette fois, c’est peut-être l’explosion d’une bulle autour des droits sportifs alors que jusqu’ici en France, comme partout en Europe, elle n’a cessé de gonfler.
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