Le groupe Vivendi, contrôlé par Vincent Bolloré, est en passe de prendre le contrôle total du groupe Lagardère à travers une offre publique d’achat.

Il faut relire cette interview d’Arnaud Lagardère, parue il y a deux semaines dans un de ses médias, le Journal du dimanche. « Nous sommes passés en mode conquête », y déclarait le patron alors que Vivendi, le groupe contrôlé par Bolloré, avait 27% du capital de son empire et trois administrateurs.
Certes, Arnaud Lagardère avait renoncé avant l’été à son statut en commandite qui le protégeait d’un raid sur son groupe, mais après tout, il avait préservé l’essentiel en gardant 14% du capital et également trois administrateurs, dont son ami Nicolas Sarkozy qui l’avait gentiment invité à se rapprocher de Bolloré. Mieux, une sorte de « paix des braves » prévoyait qu’il resterait PDG de son groupe pour cinq ans. Que demander de mieux ?
Bolloré aux aguets porte le dernier coup d'épée au groupe Lagardère
Seulement voilà, les promesses n’engagent que ceux qui y croient, car il apparaît déjà clairement qu’Arnaud Lagardère n’a plus la main sur l’évolution de son groupe. À la question « Le fonds activiste Amber va-t-il rester actionnaire ? », l’homme répondait dans le JDD : « Oui, en tout cas je le souhaite ».
Or on a appris mercredi, soit dix jours après l’interview, qu’Amber vendait ses actions à Vivendi qui allait pouvoir monter ainsi à 45% du capital de Lagardère et donc lancer une OPA pour acquérir la totalité des actions disponibles en Bourse. On savait déjà Bolloré à la manœuvre pour rapprocher CNews d’Europe 1 à travers des programmes communs. Là, il est sur le point d’être le seul maître à bord, d’autant que Bernard Arnault s’est retiré de la holding de contrôle d’Arnaud Lagardère.
La fin d'un empire industriel déclinant depuis le décès de son fondateur
Ainsi le patron-héritier de 60 ans perdra-t-il définitivement les commandes de son groupe transmises à la mort de son père, en 2003. Son dilettantisme a été une aubaine pour le grand fauve breton dont le groupe Vivendi vient d’avaler l’éditeur de magazines Prisma. S’il obtient l’accord du CSA, chargé de veiller au pluralisme des programmes audiovisuels, il pourra fusionner Europe 1 avec le groupe Canal+ tandis que Paris Match et le Journal du dimanche pourraient rejoindre Prisma.
La branche livres, véritable pépite du groupe Lagardère avec Hachette, pourra être rapprochée, elle, de l’autre grand éditeur, Editis, détenue par Vivendi. Mais là, il faudra l’accord de l’Autorité de la concurrence, qui risque de regarder de près la position dominante acquise sur le marché français, ce qui peut obliger à revendre des maisons d’édition. Peu importe, Bolloré a un trésor de guerre pour mener d’autres acquisitions dans les médias, car Vivendi s’apprête à céder ses parts dans Universal Music pour près de 20 milliards d’euros à la Bourse d’Amsterdam.
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