Chronique des médias

Entre-deux tours: un débat, un accord pour l’animer

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Le débat de l’entre-deux-tours aura lieu le 20 avril et sera animé par Gilles Bouleau pour TF1 et Léa Salamé pour France 2, après le refus par les deux candidats d’Anne-Sophie Lapix.

La tradition du débat d'entre-deux tours remonte à 1974.
La tradition du débat d'entre-deux tours remonte à 1974. REUTERS/Eric Feferberg
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C’est une tradition française comme d’ailleurs américaine. Lors de l’élection présidentielle, les deux finalistes ont un droit de veto sur les journalistes qui arbitreront leur débat. C’est bien sûr l’héritage d’un temps où la télévision était l’ORTF, donc entre les mains du chef de l’État. Pour le premier débat télévisé de 1974, Valéry Giscard d’Estaing était ministre de l’Économie et des Finances et il fallait bien trouver des journalistes qui lui conviennent, à lui et bien sûr à son opposant, François Mitterrand. Il fallait d’ailleurs régler mille détails sur les plans, les interventions des journalistes… Alain Duhamel et Michèle Cotta se sont retrouvés deux fois dans ce rôle en ayant été adoubés par les deux postulants, que ce soit Giscard, Mitterrand, Chirac ou Jospin.

En 2002, toutefois, il y a eu une sorte de rupture avec l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour. Jacques Chirac a lié la question du débat télévisé à celle d’un dialogue possible avec l’extrême droite. « Pas plus que je n’ai accepté dans le passé d’alliance avec le Front national, pas plus je n’accepterai de débat avec son représentant », a-t-il déclaré. Pas de débat donc jusqu’à ce que la tradition soit reprise, avec les mêmes règles, par Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Hollande puis Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Le débat le plus important de la Ve République

Premier candidat de deuxième tour à accepter de débattre avec l’extrême droite, Emmanuel Macron est aussi le premier président à le faire. Sans doute est-ce par souci démocratique. Peut-être a-t-il aussi jugé habile de conférer une part de présidentialité putative à celle qu’il veut voir comme son opposante numéro un. Pendant le débat, le travail des journalistes consiste le plus souvent à tenir le sablier et la bonne distance. Des moments mémorables arrivent souvent – comme le « moi président » de Hollande. Et cette fois, on peut même dire que c’est le débat le plus important de la Ve République tant les jeux ne sont pas faits et les enjeux élevés.

Alors bien sûr, on est en droit de se demander, comme la Société des journalistes de France 2, si les candidats sont fondés à mettre leur veto à une journaliste comme Anne-Sophie Lapix, la présentatrice du 20 heures de France 2. On la sait pugnace, avec un sourire qui peut paraître narquois… Et elle n’a pas lâché Marine Le Pen sur la Russie dans l'émission Élysée 2022. Mais Emmanuel Macron n’en voulait pas non plus, la jugeant peut-être trop risquée. Pour se rattraper, il ira le lendemain dans son JT de 20 heures. France Télévisions a accepté cet arrangement, comme pour préparer une nouvelle relation à sa tutelle avec la fin annoncée de la redevance.

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