Chronique des médias

La bataille des images des Iraniennes

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Focus aujourd'hui sur la mobilisation des femmes contre le régime en Iran sur les réseaux sociaux et l’action de la censure sur Internet. Pour qui se souvient du rôle des réseaux sociaux dans les printemps arabes, en 2011, les vidéos qui circulent en Iran sur internet jouent un rôle un peu comparable. Elles viennent en soutien de Mahsa Amini, la jeune fille retrouvée morte trois jours après son arrestation pour un voile mal apprêté.

Le président iranien Ebrahim Raïssi a appelé samedi 25 septembre les forces de l'ordre à agir "fermement" contre les manifestants en Iran, après neuf jours de protestations contre la mort d'une jeune femme détenue par la police des moeurs, dans lesquelles plus de 40 personnes ont péri, officiellement.
Le président iranien Ebrahim Raïssi a appelé samedi 25 septembre les forces de l'ordre à agir "fermement" contre les manifestants en Iran, après neuf jours de protestations contre la mort d'une jeune femme détenue par la police des moeurs, dans lesquelles plus de 40 personnes ont péri, officiellement. via REUTERS - WANA NEWS AGENCY
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Un « étranglement extrême » d'Internet

Sur Instagram ou sur Whatsapp, on voit des jeunes femmes se couper les cheveux, des manifestantes agiter ou brûler leur voile, des policiers tirer sur la foule ou encore une artiste, Yahsdin Kiyani, entonner en persan Bella Ciao, le chant de la résistance italienne.

Face à cela, le régime ultra-conservateur du président Ebrahim Raïssi se montre intransigeant. Il a décrété non pas un blocage d’internet, mais un « étranglement extrême », comme dit la chercheuse Mahsa Alimardani. Comment ? En interdisant l’accès aux réseaux sociaux du milieu de l’après-midi à minuit, autrement dit au moment des manifestations. Le but est d’empêcher la multiplication des points de rassemblement, car les internautes ont profité de leurs réseaux pour partager des images des premières manifestations en réaction à la mort de Mahsa Amini. Amnesty International craint que le blocage d’Instagram ou de l’accès au réseau mobile ne soit le moyen de réprimer « à l’abri des regards », notamment au Kurdistan iranien, d’où est originaire la jeune fille. La répression des Gardiens de la révolution et des forces de police approche déjà les 100 morts.

La censure ne se vérifie pas que sur WhatsApp ou Instagram. Sur LinkedIn comme sur Skype, l’accès est rendu de plus en plus difficile. Tout comme il est de plus en plus compliqué d’accéder à un VPN, ces réseaux privés virtuels qui permettent de contourner la censure.

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Les médias, qui étaient déjà sévèrement contrôlés, sont désormais sous surveillance

23 journalistes ont été récemment emprisonnés, ce qui porte à 37 leur nombre dans les prisons iraniennes, selon RSF. Le président Raïssi, qui est arrivé au pouvoir l’an dernier, a même été jusqu’à réclamer qu’une journaliste de CNN, Christiane Amanpour, porte le voile hors d’Iran, pour une interview à New York, au siège des Nations unies. Elle s’y est refusée, mais CBS a accepté ses conditions.

On voit bien que le régime iranien est incapable de s’accommoder, car le hijab est plus qu’un symbole : il est au fondement même de la République islamique. Seulement, les réseaux sociaux sont des espaces générationnels ou l’exposition d’une chevelure est de plus en plus naturelle. Les footballeurs de l’équipe nationale d’Iran, qui soutiennent les manifestations, le savent. C’est en cela que tous ces jeunes heurtent de plein fouet la doctrine des mollahs.

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