La modération, victime collatérale de la crise des géants de la Tech
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Les plans de licenciements annoncés par Twitter, Meta ou Snapchat auront-ils des conséquences sur la modération ?

Les géants des nouvelles technologies nous avaient plutôt habitués à recruter à tout va. C’est tout le contraire qui se passe aujourd'hui. Amazon, le plus gros employeur avec 1,6 millions d’employés dans le monde, a annoncé un gel de ses embauches. Meta, la maison mère de Facebook, d’Instagram et de WhatsApp, va supprimer 11 000 emplois soit 13% de ses effectifs, qui se montent à 87 000 permanents, deux fois plus qu’il y a trois ans. Twitter, dont vient de se rendre maître Elon Musk, est en train de se séparer de la moitié de ses 7 500 salariés. Deux mois plus tôt, c’était Snapchat qui reconnaissait un plan de restructuration passant par le licenciement de 20% de ses 6 000 salariés.
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Alors les raisons sont multiples. On peut citer le ralentissement de l’économie sous le coup d’une forte inflation et de menaces de récession, la montée en puissance du concurrent chinois TikTok ou l’incidence sur les recettes publicitaires de l’outil de transparence d’Apple sur le pistage des internautes. La marque à la pomme exige désormais le consentement explicite de l’utilisateur sur ses appareils avant de laisser à un tiers la possibilité de le pister, ce que seulement un quart d’entre eux accepte.
D’où une chute des recettes publicitaires et des bénéfices comme a pu le constater Meta qui a perdu 4% de ses revenus au troisième trimestre. La maison mère de Facebook s’est en outre engagée dans un très coûteux programme de mutation vers le Metavers ou ses univers virtuels, qui ne toucherait pour l’heure que 200 000 personnes.
L'information en danger ?
Un autre paramètre inquiète les défenseurs de l’information qui craignent que les plateformes en profitent pour alléger fortement leurs équipes de modérateurs pour leur substituer des robots. Twitter, qui vient de démanteler son seul bureau en Afrique, au Ghana, est particulièrement concerné compte tenu de l’ampleur de ses licenciements et des positions contre toute limite à la libre expression exprimée par son nouveau propriétaire Elon Musk.
Or, si l’Europe est en passe d’être protégée par son Digital Services Act, avec une obligation de moyens contre la désinformation, ce n’est pas le cas sur le continent africain où les intox comme le harcèlement contre les journalistes sont monnaie courante. La France, qui est visée par des infox, des fausses rumeurs, de faux comptes, de faux médias ou des influenceurs corrompus, pourrait en faire les frais alors qu’elle est la cible en Afrique d’une vaste opération de déstabilisation venue de Russie. Que la restructuration de géants américains en vienne à conforter la propagande russe, ce ne serait pas là un moindre paradoxe.
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