Le Burkina Faso veut transformer plus de riz localement
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Soutenir la transformation du riz pour qu’il ne soit pas décortiqué et consommé hors des frontières... C'est l’objet d'une convention que viennent de signer deux partenaires au Burkina Faso.

Au Burkina Faso comme au Sénégal la production de riz ne permet pas de répondre aux besoins locaux. Non seulement elle n’est pas suffisante, mais surtout une partie des grains qui poussent localement est exportée notamment au Ghana, pour être décortiqués.
Pour retenir la production locale, les autorités viennent de lancer une nouvelle initiative : offrir des solutions de crédit aux unités de transformation de la plaine irriguée de Bagré, une zone située dans le centre-est du pays qui peine à attirer les investisseurs, selon une étude du Centre européen de gestion des politiques de développement.
La convention qui vient d’être signée entre la Banque agricole du Faso et les promoteurs de la plaine prévoit d'aider huit unités de transformation pour qu'elles puissent acheter du riz paddy, c’est-à-dire du riz brut, auprès des producteurs. Les prêts pourront aller de 16 à 250 millions de Fcfa soit de 24 à 380 000 euros.
Le manque de financement, principal handicap pour la filière
Souvent les unités de transformation n'ont pas de capital pour acheter elles-mêmes le riz, elles ne sont, en quelque sorte, qu’un dépôt vente. Le producteur y dépose ses sacs et attend d'avoir un acheteur pour demander la transformation de sa récolte. Ce n’est qu’à ce moment là qu’il récupère son riz blanchi pour le vendre à un commerçant.
Dans ce schéma-là, les unités ne sont que des prestataires, elles se font payer un service qui ne sert finalement qu'à couvrir les frais de fonctionnement. Impossible pour elles de se développer.
Les acheteurs locaux sont confrontés aux mêmes difficultés, ils ont peu de liquidités et payent trop lentement leurs achats. Certains producteurs font donc le choix d’exporter leur riz brut par sécurité. Résultat, une partie de la production n’est pas consommée par les Burkinabè alors que la demande ne fait que croitre.
Un schéma qui fonctionne bien pour les petites unités de transformation
Octroyer des prêts à ces unités de transformation, ou à des commerçants intermédiaires, c’est aussi soutenir indirectement les producteurs.
L'idée est de créer une dynamique locale, explique un économiste du Cirad, le Centre français pour la recherche agronomique : « si les producteurs sont financés, ils peuvent agrandir leur surface de culture ou acheter des engrais pour de meilleurs rendements ». In fine, tout le monde est gagnant, résume-t-il, tout en émettant des réserves : la réussite de ce type d’initiative est souvent liée à la taille des structures financées. Plus elles sont petites et bien ancrées localement, meilleurs sont les résultats.
En soutenant la filière de transformation du riz, le Burkina pourrait, par ricochet, diminuer ses importations même si ce n’est qu’à la marge. Selon le département américain à l’agriculture et les dernières statistiques locales disponibles, en 2019, le pays a produit 350 000 tonnes de riz, soit moins de 45% de la demande locale.
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