Chronique des matières premières

Interdiction des exportations de bétail par bateau, la Nouvelle-Zélande soigne son image

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La décision a été prise mercredi : d’ici deux ans la Nouvelle-Zélande n’exportera plus de bétail par voie maritime. Les autorités mettent en avant leur réputation.

La Nouvelle-Zélande a expédié par bateau plus de 100 000 bovins l'année dernière majoritairement en Chine, et en Australie.
La Nouvelle-Zélande a expédié par bateau plus de 100 000 bovins l'année dernière majoritairement en Chine, et en Australie. © CC0 Pixabay/Sutterberg75
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La Nouvelle-Zélande a un objectif : être le producteur le plus éthique de protéines animales. Alors, continuer à exporter du bétail par conteneur à l’heure où les polémiques se multiplient, ce n’était plus compatible. Le ministre de l’Agriculture néo-zélandais Damien O’Connor l’a clairement explicité : « à chaque fois que du bétail monte à bord d’un bateau, l’image de la Nouvelle-Zélande est mise à l’épreuve ».

Le ministre n’a pas dit si sa décision avait été précipitée par le blocage du canal de Suez le mois dernier. Mais on sait que l’affaire a ravivé les préoccupations des défenseurs du bien-être animal : parmi les marchandises immobilisées pendant plusieurs jours se trouvaient 130 000 moutons. Cette mésaventure n’est que la suite d’une longue série.

Il y a quelques semaines les autorités espagnoles ont ordonné l’abattage de 1 600 bovins embarqués sur un cargo depuis trois mois. Elles soupçonnaient une épidémie de fièvre à bord. On se souvient aussi du Queen Hind en 2019, un cargo qui avait chaviré en mer Noire avec à son bord 14 000 moutons, seuls 180 ont survécu. Et les exemples du genre sont nombreux.

Les éleveurs néo-zélandais auront deux ans pour repenser leur activité

La Nouvelle-Zélande a expédié par bateau plus de 100 000 bovins l’année dernière majoritairement en Chine, et en Australie. D’où le délai de deux ans laissés aux éleveurs pour s’adapter à cette nouvelle donne commerciale. Au niveau mondial, les chiffres donnent le tournis : en 2018, près de 3 millions de tête de bovins ovins et caprins ont été exportés vivants par la mer depuis l’Union européenne seule, vers des pays de la Méditerranée.

Bruxelles ne cache pas sa préoccupation. Dans un rapport publié en mai 2020, elle pointe les lacunes des États membres notamment France Espagne Roumanie qui expédient ces animaux sans assurer la supervision nécessaire lors du trajet. En cause aussi la vétusté des navires, qui transportaient pour la plupart auparavant des voitures, et ont été recyclés pour le bétail sans les aménagements requis.

Des parlementaires européens enquêtent

Selon l’ONG Welfarm, 85 % des cargos ayant chargé des animaux au port de Sète, en France, ces dernières années sont classés sur liste noire par le Mémorandum de Paris sur le contrôle des navires. Des navires qui n’ont pas l’obligation d’avoir un vétérinaire à bord, selon l’ONG de défense du bien-être animal.

Face à la somme d’allégations de mauvais traitements sur le bétail vivant transporté, le Parlement européen a voté en juin dernier la création d’une commission d’enquête sur le sujet qui devrait terminer son travail en septembre prochain.

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