L’industrie aéronautique boude le titane russe
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La Russie est le premier fournisseur mondial en titane pour l’aéronautique. Mais l’approvisionnement russe est aujourd’hui suspendu ou questionné par les grands groupes qui risquent de devoir diversifier un peu plus leur approvisionnement ces prochains mois.

Robuste et léger, le titane est incontournable pour l’aéronautique. On le trouve dans le fuselage des avions, dans les trains d’atterrissage ou encore dans les moteurs. Avec 25 à 30% de part de marché, la Russie est le fournisseur majeur du secteur. En France le titane russe représente la moitié des besoins de la filière selon le Gifas, le groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales.
Des stocks suffisants pour les prochains mois
Mais la guerre lancée par Moscou rebat les cartes. Les groupes industriels prennent un à un leur distance vis-à-vis du titane russe. Boeing a ainsi suspendu son contrat avec son premier fournisseur russe (VSMPO-AVISMA) qui représente, selon le Wall Street Journal, un tiers de ses approvisionnements. Le constructeur assure avoir suffisamment de stock à ce stade, et dit être en mesure de produire ses avions civils « sans interruption ».
Globalement, les stocks de la filière aéronautique sont plutôt bons, grâce à une baisse de la consommation depuis deux ans pour cause de Covid-19 et de trafic aérien en berne. Baisse de plus de 40% selon la dernière étude menée dans la cadre du groupe de travail TITANE piloté par le ministère de la Transition écologique et solidaire. Selon ce document, ce n’est qu’en 2027 que la demande devrait revenir au niveau de 2019.
Les industriels cherchent des alternatives
Mais avoir du stock aujourd’hui, même pour plusieurs mois, ne veut pas dire être serein. Boeing le reconnait, son patron, Dave Calhoun, se dit « protégé » avec ses réserves, mais « pas pour toujours. » Le groupe cherche de nouveaux fournisseurs, une démarche de diversification qui date d’il y a déjà plusieurs années.
Safran, l’équipementier aéronautique français, a lui cessé toutes ses activités en Russie à la suite des sanctions occidentales contre Moscou. Le groupe assure disposer de quelques mois de stock, mais regarde également vers d’autres fournisseurs, notamment ceux des États-Unis, et confie avoir récemment acheté des stocks de titane en Allemagne.
Les autres sources potentielles pour l’aéronautique sont le Kazakhstan, et le Japon. La Chine est un gros producteur en volume, mais malgré les efforts des industriels chinois aucun ne s’est encore qualifié pour les pièces critiques aéronautiques, selon le rapport cité plus haut.
Le salut passera peut-être demain aussi par le recyclage. La société franco-kazakhe UKAD a inauguré en septembre 2017 sa nouvelle usine de retraitement EcoTitanium, dont la production est en train de monter en puissance.
Pour en savoir plus :
Le rapport de la cellule Titane
EDITION PUBLIQUE
EDITION PUBLIQUE Rapport final Étude de veille sur le marché du titane 2018 – 2020 Pierre-François LOUVIGNÉ - Étude menée dans la cadre du groupe de travail TITANE piloté par le
www.mineralinfo.fr
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