Chronique des matières premières

Cacao durable: industriels et producteurs en quête d’un nouveau partenariat

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Rome accueillait cette semaine, du 13 au 15 septembre 2022, le Forum européen du cacao. Un rendez-vous d’industriels européens, de négociants et de pays producteurs. Des acteurs aux intérêts différents pressés par la nouvelle règlementation européenne de coopérer pour bâtir une filière de cacao durable à grande échelle.

Industriels et producteurs de cacao sont en quête d’un nouveau partenariat à Rome au Forum européen du cacao, du 13 au 15 septembre 2022.
Industriels et producteurs de cacao sont en quête d’un nouveau partenariat à Rome au Forum européen du cacao, du 13 au 15 septembre 2022. © Pixabay / dghchocolatier
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Difficile de faire plus discrets que des industriels du cacao réunis en conclave. Peu bavards d’ordinaire, ils le sont encore moins à l’heure où les eurodéputés leur demandent de surveiller leurs approvisionnements pour ne plus acheter de cacao issu de la déforestation. Ils le sont encore moins à l’heure où ils vont devoir composer avec des coûts de l’électricité galopants pour faire tourner leurs usines de transformation de fèves.

Pour l'instant, la demande est toujours là, la cadence de broyage ne faiblit pas, mais les prochains mois s’annoncent très incertains, confie un négociant. Car en parallèle de la question des coûts de production se pose celle de la demande.

Difficile en effet de prévoir ce que sera la consommation dans un contexte d’inflation grandissante. Les factures d’électricité et de gaz risquent de grever le budget des consommateurs ces prochains mois et donc d’affecter la demande de cacao. Sans parler de l’inconnue liée aux prochaines campagnes ivoiriennes et ghanéennes qui vont débuter.

La durabilité a un prix, le cacao durable aussi

De ces facteurs vont dépendre en grande partie les prix. Des prix jugés trop bas aujourd’hui pour répondre aux exigences de réglementation de cacao durable et trop bas pour assurer un revenu décent aux cacaoculteurs. Certains représentants des pays producteurs n’hésitent pas d’ailleurs à dénoncer l’hypocrisie de ceux qui les accusent de taxer trop fort le cacao à l'exportation. 6% de la chaîne de valeur du cacao, 6% seulement de ce que rapporte la filière revient aux États, a tenu à rappeler à Rome le secrétaire exécutif de l’Initiative cacao Côte d'Ivoire Ghana. Alex Assanvo insiste : il est hors de question que ce soit les planteurs qui supportent en plus les surcoûts engendrés par la production d'un cacao durable.  

Comment mieux partager la valeur de la filière ?

La traçabilité telle qu’elle est demandée par l’Union européenne sera longue à mettre en place sur le continent africain, s’inquiète un importateur français. Mais il n’ira pas pour autant se fournir ailleurs, ou alors à la marge, car impossible, explique-t-il, de faire sans les géants du cacao que sont la Côte d'Ivoire et le Ghana. 

« Malgré leurs intérêts divergents, industriels et producteurs n'ont pas le choix, résume un des participants au Forum de Rome. Ils doivent créer un nouveau partenariat, pour que la filière réponde aux nouvelles normes de durabilité européennes, mais qu'elle soit aussi plus rémunératrice pour les planteurs. »

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