En Éthiopie, de plus en plus de fermiers abandonnent la culture du café pour celle du khat, un arbuste dont les feuilles sont mâchées pour obtenir un effet stimulant. Le khat est plus rentable pour les producteurs. Mais cette tendance inquiète Addis-Abeba.

La production de khat, une plante cultivée pour être mâchée et aux effets proches des amphétamines, a explosé en Éthiopie. En 2021, le pays en a récolté trois fois plus que dix ans auparavant. Et ce, au détriment de la production de café en déclin. Historiquement cultivé dans l’est de l'Éthiopie, elle s’étend désormais aux autres régions du pays. Au rythme actuel, la culture du khat pourrait supplanter celle du café en deux décennies seulement.
► À écouter aussi : Madagascar: le khat à Diego-Suarez
Plusieurs raisons expliquent ce tournant : le khat est moins sensible que le café aux effets des sécheresses à répétition. Il est aussi beaucoup plus lucratif pour les producteurs. Si le prix du café est indexé sur les cours mondiaux, et peut donc monter ou brutalement chuter, le prix du khat lui est au contraire fixé localement. Son commerce est jugé plus prévisible et contrôlable. D’autant que la demande en khat ne cesse d’augmenter en Éthiopie et chez ses voisins.
Biodiversité en péril
Mais il y a un revers pour le gouvernement : le khat reste principalement vendu sur le marché intérieur. Il rapporte donc beaucoup moins de devises étrangères à l’Éthiopie que le café. Or, Addis-Abeba manque cruellement de devises.
Et ce n’est pas tout. À la différence du café, le khat est produit en monoculture. En s’y convertissant, certains fermiers abandonnent purement et simplement leurs cultures vivrières. Cette monoculture extensive met en péril la biodiversité des sols et la sécurité alimentaire des communautés concernées. Cette dépendance vis-à-vis du khat fragilise également ces producteurs en cas d’interdiction de cet arbitre légal en Éthiopie mais considéré comme une drogue dans nombreux pays.
► À lire aussi : Kenya: les producteurs de khat kényans soulagés par la reprise des exportations vers la Somalie
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne