Approvisionnement en gaz à l'horizon 2025: l'Union européenne plus fragile que la Chine
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L'approvisionnement gazier de l'Union européenne n'a jamais été autant d'actualité. Quel risque en 2025 ? 2030 ou 2040 ? Le Shift Project, un groupe de réflexion sur la transition énergétique, a étudié différents scénarios et, à chaque fois, il ressort que l'Union européenne est plus vulnérable que la Chine.
Parler du marché du gaz dans les prochaines années, c'est avant tout composer avec deux incertitudes. La première liée à l'évolution de la situation en Ukraine, la seconde au devenir des relations entre la Russie et l'Union européenne. Mais à ce stade, l'état des lieux géopolitique et militaire plaide – selon l'étude du Shift Project menée pour le compte de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie du ministère de la Défense (DGRIS) – pour la non-livraison, au cours des prochaines années, d'une part importante des volumes qui ont fait l'objet d'un contrat entre la Russie et l'Union européenne.
La question, pour évaluer la fragilité de l'Union européenne à s'approvisionner sur le moyen terme, est de savoir à combien montera cette part. Mais aussi d'anticiper le niveau de la demande européenne : l'industrie étant confrontée à la nécessité de changer de modèle, ses besoins ne seront peut-être plus les mêmes dans quelques années.
La Chine dans une position confortable
Dans le pire scénario, celui d'un arrêt des flux venants de Russie sur la durée, 40 % des approvisionnements européens nécessaires en 2025 seraient non identifiés, et presque autant en 2030. La Chine, en revanche, apparaît mieux couverte par les contrats à long terme qu'elle a signés que l'Union européenne. À l'horizon 2025, la couverture de ses besoins est de 100 %, et de 85 % à l'horizon 2030.
La vulnérabilité européenne suppose un recours plus élevé aux contrats à court terme, ce qui sous-entend souvent des prix plus élevés et plus volatils. Cela veut dire aussi un approvisionnement plus grand sur le marché du GNL. La concurrence déjà très vive entre pays importateurs ne devrait dans cette perspective que s'accroître, selon le Shift Project qui anticipe une grande précarité sur ce marché en 2025. « En cas d'arrêt durable des livraisons russes à l'Union européenne, la demande mondiale de GNL risque de subir des déficits d'approvisionnement endémiques et sévères », peut-on lire dans le rapport rendu public hier.
États-Unis et Qatar, futurs maîtres sur le marché du GNL ?
Pour répondre à la demande qui n'est pas garantie par des contrats, les États devront se tourner vers les producteurs de gaz de schiste et chez ceux qui abritent des gisements conventionnels encore non matures, la moitié des gisements conventionnels en cours d'exploitation étant arrivés à maturité. Au vu de leur capacité de développement des extractions d'ici à 2030, les États-Unis et le Qatar pourraient être les grands gagnants, et même avoir une position d'arbitre, selon les auteurs du rapport.
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