Chronique des matières premières

Céréales d'Ukraine: une nouvelle baisse de production attendue en 2023

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Ce n'est pas une grande surprise, mais cela se confirme. La prochaine campagne de blé et de maïs en Ukraine s'annonce encore moins bonne que celle qui se termine. Mais cela n'augure pas forcément de graves conséquences pour l'approvisionnement du continent africain.

Un employé de l'opérateur roumain de manutention de céréales Comvex supervise le déchargement des céréales ukrainiennes d'une barge dans le port de la mer Noire de Constanta, en Roumanie, le mardi 21 juin 2022. Alors que la Roumanie a adopté à voix haute l'objectif ambitieux de devenir une plaque tournante principale pour l'exportation de produits agricoles d'Ukraine, les experts économiques et les opérateurs portuaires du pays avertissent qu'il était beaucoup plus facile de fixer un objectif que de l'atteindre.
Un employé de l'opérateur roumain de manutention de céréales Comvex supervise le déchargement des céréales ukrainiennes d'une barge dans le port de la mer Noire de Constanta, en Roumanie, le mardi 21 juin 2022. Alors que la Roumanie a adopté à voix haute l'objectif ambitieux de devenir une plaque tournante principale pour l'exportation de produits agricoles d'Ukraine, les experts économiques et les opérateurs portuaires du pays avertissent qu'il était beaucoup plus facile de fixer un objectif que de l'atteindre. AP - Vadim Ghirda
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Les conséquences de la guerre dans les champs se traduisent en chiffres : cette année, le gouvernement ukrainien table sur une récolte de céréales en baisse de 36% par rapport à l'année dernière, soit 50 millions de tonnes. En cause une baisse des surfaces cultivées (-27%), la hausse des coûts du carburant, mais aussi des machines agricoles, plus difficiles à trouver et un manque de main d'œuvre. Ces contraintes pèsent d'ailleurs actuellement sur la fin de la récolte de maïs. Par rapport à l'année dernière, l'Ukraine devrait récolter 12 millions de tonnes de blé en moins en 15 millions de tonnes de maïs en moins.

Les effets de la guerre pourraient ne pas s'arrêter là. La prochaine campagne risque en effet de décevoir un peu plus : les projections du cabinet UkrAgroconsult font état d'une baisse de production de plusieurs millions de tonnes – soit 16 millions de tonnes de blé et 21 millions de tonnes de maïs. Si ces chiffres se confirment, ils auront un impact automatique sur les exportations de céréales. Avec ces projections, l'Ukraine exporterait pour la campagne 2023/2024, selon UkraAgroconsult, 3 millions de tonnes de blé en moins – soit 9,5 millions de tonnes – et 7 millions de tonnes de maïs en moins – soit 19 millions de tonnes.

Les pays qui faisaient leur marché en Ukraine vont devoir se fournir ailleurs

L'Afrique du Nord, qui achetait en direct près de 30% des exportations de blé d'Ukraine avant la guerre, s'est déjà adaptée et n'a importé cette année plus que 8% du blé ukrainien commercialisé hors du pays. L'Afrique subsaharienne ne reçoit, de son côté, plus que 5% des exportations ukrainiennes, au lieu de 9 auparavant, selon les chiffres de la fondation FARM.

Pour l'heure, les importations mondiales sont en hausse sur la campagne actuelle. Il n'y a pas de pénurie, l'approvisionnement en blé des grands pays importateurs n’est pas menacé, il est assuré, explique la Fondation pour l'agriculture et la ruralité dans le monde, par les concurrents de l'Ukraine sur le marché des céréales, c'est-à-dire la Russie et l'Union européenne. On sait notamment qu'une partie des flux ukrainiens a transité par la Pologne, qui aurait exporté 1,2 million de tonnes entre mars et octobre dernier vers l'Afrique subsaharienne et que les exports français vers l'Algérie et le Maroc ont nettement augmenté. La France et l'Union européenne étaient les fournisseurs traditionnels de la région avant l'arrivée récente des fortes productions de céréales de la mer noire sur le marché, rappelle Olia Tayeb Cherif, responsable d'études à la Fondation FARM.

Ces fournisseurs seront-ils encore capables d'envoyer autant de blé vers le continent l'année prochaine ? « Cela dépendra de leur production et donc des conditions climatiques », explique l'experte. Mais aussi de la capacité des deux autres grands exportateurs mondiaux que sont l'Argentine et le Canada, qui participent à l'équilibre du marché mondial.

Outre les volumes produits, la reconduction ou non du corridor céréalier en mer Noire au mois de mars aura aussi bien évidemment un impact sur la disponibilité des céréales à l'export.

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