Chronique des matières premières

Les pays frontaliers de l'Ukraine, des importateurs «forcés» de céréales

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Une partie de la récolte ukrainienne qui n'emprunte pas le corridor maritime transite par les pays européens de l'Est. Un transit qui dure parfois et qui fait baisser les prix localement, au grand dam des agriculteurs des pays concernés.

Un champ de blé près de Melitopol à Zaporijjia le 14 juillet 2022.
Un champ de blé près de Melitopol à Zaporijjia le 14 juillet 2022. © ANDREY BORODULIN/AFP
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Les pays frontaliers de l'Ukraine sont devenus malgré eux de grands importateurs de céréales en quelques mois, sans pour autant consommer plus. Les exportations par voie terrestre de grains ukrainiens se sont en effet renforcées depuis un an, en substitution d'abord, puis en complément, du corridor maritime.

Entre juillet et novembre dernier, plus d'un quart du blé exporté d'Ukraine a rejoint la Hongrie, la Pologne et la Roumanie, selon la Fondation pour l'agriculture et la ruralité dans le monde (FARM).

Les céréales ukrainiennes « trop » compétitives

Des volumes en partie réexpédiés vers la Turquie, premier exportateur mondial de farine, et partiellement vers l'Afrique. Mais le rythme des arrivées d'Ukraine n'est pas celui des exports vers les pays tiers. Un peu comme s'il y avait une autoroute pour arriver dans ces pays frontaliers et un embouteillage pour en sortir. Car même si l'Europe a tout fait pour faciliter l'évacuation des céréales ukrainiennes par ses pays membres, au final la tâche incombe aux opérateurs privés, roumains, hongrois, et polonais, qui achètent la marchandise, et cherchent ensuite à la revendre.

Cette marchandise importée est, même si c'est temporaire, considérée comme disponible localement et entre en compétition avec la production des pays concernés. Elle bloque aussi les capacités de chargement utilisées par les agriculteurs locaux, explique Gautier Le Molgat analyste pour le groupe Argus Media.

Le calendrier agricole alimente les stocks

Des agriculteurs roumains notamment se seraient plaints d'un blé ukrainien, vendu 50, voire 100 euros moins cher que les prix pratiqués localement. Même si les producteurs ukrainiens ne vendaient pas à prix cassé, la concentration subite de l'offre en grain dans un pays donné suffirait à alimenter la spirale baissière. Pour tenter d'y échapper, les agriculteurs européens concernés n'ont plus qu'à stocker, mais tous n'ont pas les capacités nécessaires.

L’accumulation de céréales dans les pays européens frontaliers de l’Ukraine n’est pas nouvelle, mais le phénomène s’est accentué ces dernières semaines à cause du calendrier agricole : aux volumes de blé de l'été 2022 viennent désormais s'ajouter la récolte de maïs qui se termine.

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