Les prix du cuivre sont en baisse depuis plusieurs semaines. Mais cette diminution n’est pas une tendance lourde. Plusieurs facteurs plaident pour un redressement des prix, à commencer par la baisse des teneurs des gisements d’Amérique latine.

La glissade a débuté mi-avril et a conduit le cuivre à retrouver son niveau de prix de novembre. À la bourse des métaux de Londres (LME), la tonne s'échangeait, ces derniers jours, à environ 8 000 dollars, soit 25% de moins que lors du pic atteint l'année dernière dans la foulée de l’invasion de l'Ukraine.
Cette chute des prix est liée directement à l’état moribond de l’économie mondiale, le métal rouge n’est pas surnommé Docteur Cuivre pour rien ! Les prix sont notamment liés à la santé de la Chine. L’Empire du Milieu concentre l’essentiel des raffineries de cuivre, le niveau de ses importations a donc un impact direct sur les cours.
Coûts de production en hausse au Chili
Mais cette tendance n'est qu'une façade et ne devrait pas durer. Structurellement, la filière est confrontée à une baisse des teneurs des gisements situés en Amérique latine, et en particulier au Chili, premier producteur mondial, et acteur incontournable du secteur. La concentration moyenne en minerais dans les gisements chiliens a diminué de 55% sur les vingt dernières années, selon le rapport CyclOpe sur les matières premières, édité la semaine dernière. Résultat, en 2022, la production chilienne de cuivre a baissé de 6% par rapport à la moyenne de la dernière décennie.
Des investissements lourds sont indispensables pour redresser ces chiffres. Dans les mines telles que celle de Chuquicamata, il faut désormais aller chercher le cuivre beaucoup plus en profondeur. Pour produire une même quantité de métal rouge dans ces gisements vieillissants, les coûts énergétiques sont devenus beaucoup plus élevés.
Pour compenser cette baisse des teneurs, ouvrir de nouvelles mines est une des alternatives mais « on a aujourd’hui du mal à identifier quels sites pourraient prendre le relais », explique un expert. Sans parler des investissements nécessaires qui se chiffrent en milliards de dollars et s’étalent sur 10 à 15 ans.
80 kg de cuivre dans une voiture électrique
Cette tendance structurelle à la baisse des teneurs « va immanquablement soutenir les cours », ajoute Yves Jegourel codirecteur du rapport CyclOpe, et professeur au Conservatoire national des arts et métiers.
Les cours devraient remonter de 2% entre 2022 et 2023, selon les estimations de CyclOpe. Plus optimistes, les banques Goldman Sachs et Bank of America prévoient des hausses nettement plus élevées d'ici à la fin de l’année. D'autant qu'en face, la demande est appelée à croître dans le cadre de la transition énergétique. Alors qu'il faut 23 kg de cuivre dans un véhicule thermique, il en faut 60 kg dans un modèle hybride et 80 kg dans une voiture électrique.
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