Chronique des matières premières

Le prix du riz indien au plus haut depuis dix ans

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Les prix du riz continuent de grimper. Chez le premier exportateur, l’Inde, ils n’ont jamais été si hauts en dix ans même s’ils restent encore compétitifs par rapport aux autres riz asiatiques. 

Dans un entrepôt de riz à Hyderabad, en Inde, le 1er février 2023.
Dans un entrepôt de riz à Hyderabad, en Inde, le 1er février 2023. AP - Mahesh Kumar A.
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Les mesures prises par le géant indien ne laissaient pas présager une telle hausse des prix. Mais les restrictions à l’exportation de riz et de brisures de riz imposées par New Delhi depuis septembre dernier n’ont pas eu l’effet escompté. Le prix du riz indien tourne désormais autour de 460 dollars la tonne pour du riz à 5% de brisures - prix FOB, c’est-à-dire hors transport. Un plus haut depuis dix ans au moins, qui représente une augmentation de 40 dollars la tonne depuis le mois janvier, pour ne parler que de cette année, selon les données de la note de conjoncture Osiriz éditée par le CIRAD

Les prix pèsent sur la demande au Mali et en Côte d’Ivoire

Cette augmentation en Inde reflète ce qui se passe sur le marché mondial où les prix ne cessent de grimper depuis plusieurs mois, mais n’en est pas moins un mystère : « l’offre et la demande ne justifient pas une telle tendance », explique un représentant d’une grande maison de négoce.

Chez les acheteurs africains et en particulier au Mali et en Côte d’Ivoire, la demande a baissé : « Sur le continent, à chaque fois que le prix d’un sac de riz de 50 kg se rapproche de l’équivalent d’un mois de salaire, les achats ont tendance à chuter », précise notre interlocuteur.

Du côté de l’offre, les exportations indiennes n’ont pas chuté et celles de Thaïlande et du Vietnam ont augmenté. Alors si à court terme on ne manque pas de riz, d’où vient cette tension sur les prix ? L’inflation peut-elle justifier à elle seule cette hausse ou y a t -il déjà dans les grands bassins de production des signes avant-coureurs de la perturbation climatique El Niño, voire une sorte de pré-El Niño ? L’hypothèse n’est pas à exclure, selon un expert.

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2023 sous la menace d’El Niño ?

De fait, le Pakistan a reçu des précipitations anormalement abondantes cet hiver et a dû réduire ses exportations d’un tiers en ce début d’année. L’Indonésie, qui n’avait presque rien importé en 2022, pourrait acheter cette année 2 millions de tonnes de riz. Le Bangladesh, le Népal et le Vietnam ont récemment montré par leurs achats qu’ils étaient inquiets pour leur approvisionnement. La Thaïlande a, elle, véritablement formalisé sa préoccupation et demandé aux riziculteurs de ne faire qu’une récolte annuelle en raison de l’arrivée d’El Niño.

La qualité des premières semaines de mousson dira si l’argument climatique est utilisé à raison et si El Niño sera véritablement l’arbitre de la prochaine campagne.

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