Chronique des matières premières

L'Union européenne risque de perdre dans la course aux batteries pour voitures électriques

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L’Europe risque de perdre sa course aux batteries pour véhicules électriques. C’est ce qui ressort d’un rapport publié par la Cour des comptes de l'Union européenne, qui pointe comme principal problème la forte dépendance aux importations de matières premières critiques. 

La croissance explosive de la voiture électrique pose la question de l'approvisionnement en matières premières pour l'Union européenne.
La croissance explosive de la voiture électrique pose la question de l'approvisionnement en matières premières pour l'Union européenne. © Nam Y. Huh / AP
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L'Union européenne ambitionne de devenir un moteur au niveau mondial de l’industrie des batteries pour véhicules électriques. Elle vise 25% de la production mondiale d’ici à 2030, alors qu’elle était de 3% en 2020. Les projets en ce sens se multiplient : quasiment chaque semaine une nouvelle méga-usine de batteries est annoncée en Europe. Le temps presse en effet : Bruxelles a fixé comme objectif d’interdire d’ici à 2035 la vente de véhicules thermiques, et prévoit 30 millions de véhicules électriques sur les routes d'ici à 7 ans.

 Un objectif qui risque d’être compromis, soulignent les magistrats de la cour des comptes. Principale raison : l’accès difficile aux matières premières nécessaires à la production de batteries. L’Union européenne est tributaire d’un petit nombre de pays qui les produisent avec lesquels elle n’a pas d’accords de libre-échange. Exemple : l’Europe importe la presque totalité du lithium brut d’Australie, la majorité du manganèse d’Afrique du Sud et du Gabon, 68% du cobalt brut de la République démocratique du Congo et 40 % du graphite naturel brut de Chine.

L'UE contrainte d'importer ?

Mais les risques géopolitiques auxquels sont exposées certains de ces pays mettent en péril l’approvisionnement européen. Même si certains métaux critiques se trouvent dans le sous-sol européen, il faudra attendre jusqu’à 16 ans pour les produire. C’est trop long face aux objectifs fixés par Bruxelles. La Cour des comptes pointe également les risques en matière de concurrence : les producteurs de batteries pourraient délaisser l’Union européenne au profit des États-Unis qui proposent d’importantes subventions financières pour les attirer. 

À cela, s’ajoute un autre danger : la hausse du coût de l’énergie et des matières premières qui compromet la compétitivité des batteries européennes. Les véhicules produits sur le sol européen pourraient devenir inabordables pour les ménages européens. L’institution exhorte donc la Commission européenne à muscler la sécurisation de l’accès aux matières premières. Sinon l’Europe risque d’être inondée de véhicules électriques chinoises.

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