Chronique des matières premières

Le prix du beurre européen s'envole à plus de 8000 euros la tonne

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Le beurre européen industriel fait exception sur le marché mondial. Son prix a grimpé à un record de 8 000 euros la tonne. Résultat : il n'est plus du tout compétitif avec le beurre du premier exportateur, la Nouvelle-Zélande.

Beurre de bresse AOP.
Beurre de bresse AOP. © SPC2B/WikimediaCommons
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Plus 70% en un an, c'est énorme, mais 8 000 euros la tonne, c'est du jamais vu pour le beurre destiné à l'industrie agro-alimentaire. En réponse à cette hausse, le beurre en plaquette du petit déjeuner a déjà augmenté fortement en Allemagne. Dans d'autres pays européens où la révision des étiquettes en magasin est saisonnière, comme en France, cela prendra plus de temps, mais l'effet se fera inévitablement sentir également pour les consommateurs. 

Pour expliquer ce niveau de prix stratosphérique, il y a d'abord un facteur saisonnier, lié au creux de la collecte de lait en Europe : les prix sont toujours plus hauts en septembre et en octobre, que pendant le reste de l'année. Le beurre européen paye aussi le prix d'une collecte qui a été très moyenne en Allemagne, gros producteur de l'Union européenne, et en Irlande. Il pâtit enfin du manque d'intérêt pour la poudre de lait importée en Chine, le principal acheteur sur le marché. 

Le beurre européen n'est plus compétitif

Un industriel qui produit du beurre, produit en même temps de la poudre : si celle-ci ne se vend plus assez, un nouveau modèle économique doit être trouvé. Soit l'industriel privilégie la transformation du lait en fromage et en crème, au détriment du doublet beurre-poudre – la production européenne de beurre a d'ailleurs baissé de 2% au premier semestre –, soit il vend le beurre plus cher, scénario auquel on assiste aujourd'hui.

« À 8 000 euros la tonne, le beurre européen n'est plus compétitif à l'export par rapport au beurre néo-zélandais dont les cours sont relativement stables depuis deux mois », explique Nicolas Pinchon, fondateur du cabinet de conseil Veille au Grain. La tonne est même devenue 2 300 euros plus chère que la référence néo-zélandaise, influencée elle par une collecte qui est bientôt à son pic saisonnier. Un écart record, qui devrait inciter certains pays européens à importer plus de beurre de Nouvelle-Zélande, pour grossir leurs stocks, car ce beurre reste moins cher malgré les coûts logistiques.

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