Chronique des matières premières

Les cours mondiaux du cacao atteignent un plus bas depuis 20 mois

Publié le :

La folle ascension des cours du cacao est-elle terminée ? La baisse, constatée cette année, s'est accélérée depuis la mi-août. Les cours ont atteint ces derniers jours leur plus bas depuis février 2024, soit depuis 20 mois. Le cacao new-yorkais se négociait en début de semaine à moins de 6 000 dollars la tonne contre un pic en décembre 2024 à 12 000 dollars la tonne.

Un cultivateur de cacao étale des fèves de cacao pendant le processus de séchage au soleil dans l'arrière-cour de sa maison à Asikasu, le 19 décembre 2020 (photo d'illustration).
Un cultivateur de cacao étale des fèves de cacao pendant le processus de séchage au soleil dans l'arrière-cour de sa maison à Asikasu, le 19 décembre 2020 (photo d'illustration). © Cristina Aldehuela/AFP
Publicité

La baisse des prix s'explique par les nouvelles rassurantes venues d'Afrique de l'Ouest. Les pluies du mois dernier ont été bonnes, et le risque que la nouvelle récolte soit mauvaise s'éloigne. Les cours s'expliquent aussi par un recul de la demande. Les prix records, qualifiés d'intenables à long terme par certains analystes, ont fini par devenir un frein pour les industriels qui ont imaginé d'autres recettes, et pour les consommateurs qui ont appris à manger moins de chocolat. 

Les fonds spéculatifs participent également à alimenter cette tendance : sentant la baisse se profiler, ils ont liquidé leur position, c'est-à-dire revendu leurs contrats, ce qui donne l'impression que l'offre est plus abondante sur le marché, même si c'est artificiel. 

Fin de la hausse des prix ?

La baisse des cours qui dure depuis plusieurs mois acte un renversement de tendance, au moins à court terme. Elle ne se traduira, en effet, pas immédiatement sur les prix, il y a toujours dans le secteur du cacao un décalage d'au moins six mois, voire plus, ce qui veut dire que la consommation pourrait encore rester tiède. L'hypothèse d'une nouvelle année excédentaire n'est pas exclue : la production mondiale pourrait dépasser la consommation d'environ 186 000 tonnes au cours de la saison 2025-26, soit plus du double de l'excédent de l'année précédente, selon une enquête de l'agence Bloomberg réalisée auprès de plus d'une dizaine de traders et d'analystes en septembre.

Ce décalage entre l'offre et la demande, s'il se confirme, ne devrait pas pour autant faire baisser les prix jusqu'aux niveaux d'avant 2023, époque où le cacao s'échangeait entre 2  000 et 3 000 dollars la tonne, relève le Financial Times. Structurellement, la production d'Afrique de l'Ouest reste sous pression, en raison du vieillissement des plantations, de la prévalence de la maladie du swollen shoot et du changement climatique.

Baisse structurelle de la production

Le relèvement des prix payés aux planteurs en Côte d'Ivoire et au Ghana, pour la campagne cacaoyère 2025-26, ne semble pas en mesure d'enrayer la baisse structurelle de la production. Si selon Rabobank, ces prix encourageront les agriculteurs à livrer plus de fèves aux transformateurs, pour François Ruf, économiste de la filière, cela ne permettra probablement que de ralentir la baisse de la production, pas à inverser la tendance. 

C'est en particulier vrai au Ghana où la concurrence de l'orpaillage a déjà fait perdre du terrain à la filière. Le pays pourrait d'ailleurs perdre à court terme sa place de deuxième producteur mondial, au profit de l'Équateur.

À lire aussiHausse des prix du cacao en Côte d'Ivoire: «Ces prix jamais-vus ne tiennent pas compte de l'inflation»

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes