Chronique des matières premières

L’embargo américain étendu au premier fournisseur chinois de coton et textile

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Accusées d’utiliser le travail forcé contre la population ouïghoure, les entreprises chinoises du Xinjiang sont de plus en plus lourdement sanctionnées par Washington. Dernière mesure en date, le coton et les produits textiles du géant militaire chinois XPCC sont désormais interdits aux États-Unis.

Un fermier dans un champ de coton à Hami, dans le Xinjiang.
Un fermier dans un champ de coton à Hami, dans le Xinjiang. REUTERS/China Daily
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Ce n’est pas encore un embargo total des États-Unis contre le coton du Xinjiang, mais on s’en rapproche. Les premières mesures visaient les marchandises d’entreprises chinoises plus secondaires, accusées de recourir au travail forcé des populations ouïghoures. Cette fois, c’est le géant du secteur, XPCC, le bras industriel de l’armée chinoise, qui est concerné.

Plus aucun article de textile ou d’habillement rentrant dans les ports américains ne devra contenir du coton produit ou transformé par cette holding. Or XPCC est le premier producteur et transformateur chinois de coton. Il contrôlerait via une myriade de filiales le tiers de la production cotonnière du Xinjiang, une région qui elle-même fournit 80 % du coton chinois, et qui fabrique près de la moitié du filé dans le monde.

Pénurie de fil après le Covid-19

Pour les enseignes d’habillement américaines, c’est un vrai casse-tête. D’autant que l’industrie textile mondiale est quasiment paralysée actuellement par un manque de fil, observe la consultante Anne-Laure Linget, les filatures asiatiques ayant été immobilisées pendant le pic de l’épidémie de Covid-19.

La Chine, même si sa part a baissé en 2020, est encore le premier fournisseur de textile-habillement des États-Unis – 36,5 milliards de dollars l’an dernier, 28% du montant des importations américaines – devant le Vietnam, l’Inde, le Bangladesh, loin devant le Mexique.

Plusieurs origines de coton dans un fil

Par ailleurs, un même fil de coton fabriqué par exemple au Pakistan peut contenir des cotons d’origines mêlées : ouest-africaine, indienne et chinoise, et donc potentiellement du coton issu du travail forcé de prisonniers ouïghours.

Le contrôle des auditeurs étrangers sur place dans le Xinjiang est difficile. Les enseignes américaines demandent une action concertée avec les enseignes européennes, une alliance que le nouveau président élu Joe Biden pourrait bien favoriser face à la Chine.

Précédent ouzbek

En attendant, le coton et le textile chinois risquent un boycott pur et simple. Des entreprises de l’habillement comme des consommateurs aux États-Unis, encouragés à se méfier du « Made in China » par le secrétaire adjoint à la Sécurité intérieure lui-même.

Il existe un précédent, rappelle Gérald Estur, expert du secteur. L’Ouzbékistan a disparu des pays exportateurs de coton après la révélation du drame écologique de la mer d’Aral et de l’emploi massif des enfants dans les champs de coton. Mais le pays d’Asie centrale s’est tourné vers la transformation de son coton dans des usines textiles ouzbeks.

 

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