Chronique des matières premières

Étain: le métal de la tech n'a jamais coûté aussi cher

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L’étain, un métal rare utilisé pour les soudures, et donc indispensable, a vu son prix grimper ces derniers mois : + 80 % depuis le début de l’année. De quoi faire déprimer les industriels.

L’étain affiche la plus forte hausse constatée dans la famille des métaux industriels.
L’étain affiche la plus forte hausse constatée dans la famille des métaux industriels. © Getty Images/Thomas Barwick
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Les factures des fabricants de semi-conducteurs n’ont jamais été aussi salées. Depuis le début de l’année, l’étain qui est le métal incontournable pour les soudures, a progressé de 80 %, et s’achète à plus de 36 000 dollars la tonne. L’étain affiche la plus forte hausse constatée dans la famille des métaux industriels.

À ce prix-là, « personne ne fait des stocks et les fabricants achètent ce dont ils ont besoin, mais pas un gramme de plus », explique un investisseur Vincent Donnen, patron de la Compagnie des métaux rares (CDMR), une société d’investissement qui possède aussi des stocks physiques.

Les objets connectés et les panneaux solaires alimentent la demande

Ce qui a fait bondir les prix, c’est la reprise en flèche post-Covid-19 de la fabrication des composants électroniques. Aujourd’hui, les prix sont alimentés par l’inquiétude globale sur la disponibilité d’étain et d’étain raffiné. Notamment en Chine, pays frappé par des restrictions énergétiques.

Les raffineries d’étain n’étaient jusque-là géographiquement pas directement affectées, mais pourraient l’être demain. D’où des prix qui grimpent. « L’étain est un petit marché – de 350 000 tonnes –, ce qui le rend beaucoup plus volatil que celui du cuivre ou de l’aluminium », explique Maïté Le Gleuher de la direction des géo-ressources du BRGM, Bureau de recherches géologiques et minières.

Les prix sont aussi tirés par les perspectives : le développement de la 5G, la fabrication des panneaux solaires et l’engouement pour les objets connectés vont faire croître la demande d’étain. Et si la miniaturisation permet dans certains secteurs de diminuer les quantités nécessaires, elle diminue aussi la capacité à recycler les métaux.

Pas d’impact pour le consommateur

Les stocks d’étain très bas à la bourse des métaux de Londres illustrent la tension actuelle sur les prix, même si ce n’est pas le marché européen qui, en théorie, est appelé à alimenter la machine industrielle chinoise, mais plutôt la bourse des métaux de Shanghaï.

À moyen terme la demande devrait s’apaiser, suite au ralentissement de l’activité industrielle imposée par les restrictions énergétiques en Chine. Le consommateur lui ne devrait pas voir la couleur de ces prix historiques au vu de la quantité utilisée, le coût de l’étain est en effet marginal dans un produit tel qu’un téléphone ou un ordinateur.

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