Chronique des matières premières

Ukraine-Russie: la grande panne logistique

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Le gel du trafic maritime en mer Noire touche les exportations de plusieurs matières premières produites en Ukraine, et de plus en plus en Russie.

Les assureurs ont augmenté le coût de la couverture des navires marchands traversant la mer Noire, ajoutant à la flambée des tarifs de transport de marchandises à travers la région pour les navires toujours prêts à naviguer après l'invasion de l'Ukraine par la Russie. (Image d'illustration)
Les assureurs ont augmenté le coût de la couverture des navires marchands traversant la mer Noire, ajoutant à la flambée des tarifs de transport de marchandises à travers la région pour les navires toujours prêts à naviguer après l'invasion de l'Ukraine par la Russie. (Image d'illustration) REUTERS - Amr Abdallah Dalsh
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L’équation devient de plus en plus difficile à résoudre pour ceux qui commercent avec la Russie et l’Ukraine par voie maritime. Rares sont en effet les navires disponibles pour s’approcher de la zone de guerre, en mer Noire et quand ils le sont, la prime d’assurance qu’ils imposent est totalement dissuasive : elle peut se monter à plusieurs centaines de dollars par conteneur. Au vu de leurs bénéfices l’année dernière, les grands armateurs n’ont par ailleurs rien à gagner à courir des risques en affrétant des navires, explique Marc Pauchet, analyste chez Maesrk Broker.

► À lire aussi : Guerre en Ukraine: quelles conséquences sur le transport maritime ?

L’export de céréales et de minerai de fer ukrainien à l’arrêt

Les capacités de sortie portuaires sont désormais à l’arrêt en Ukraine, et ont poussé les compagnies une à une à ne plus desservir les ports sous contrôle russe. Plusieurs excluent désormais aussi la Russie de leurs rotations pour des raisons politiques. C’est notamment le cas de Maersk qui stoppe ses escales à Saint-Pétersbourg, et Kaliningrad notamment.

Le trafic en mer Noire représente 1 % du commerce mondial en porte-conteneur, autant dire, pas grand-chose, mais à l’échelle sous-régionale et pour les partenaires de l’Ukraine et de la Russie, l’impact est immense : les céréales ne quittent plus le port d’Odessa, le minerai de fer ne peut plus lui transiter par le port de Yuzhne. Demain les coûts du transport maritime pourraient compromettre les escales turques et roumaines sur la mer noire vers lesquelles sont aujourd’hui déroutés certains navires.

► À lire aussi : Ukraine, le risque céréalier

Le rail une alternative pour la Russie, mais jusqu’à quand ?

Pour l’heure, la Russie semble encore trouver des voies et moyens d’exporter charbon, acier, aluminium, gaz et pétrole via des routes détournées. Et grâce au rail, pour certaines matières premières à destination de l’Asie. Mais jusqu’à quand ? Certains importateurs thaïlandais, philippins ou japonais, pourraient renoncer à acheter russe pour éviter toute déconvenue en matière de transfert d’argent.

La réorganisation des approvisionnements parait donc inévitable, pour bon nombre de pays et notamment ceux du continent africain, importateurs de matières premières agricoles, qui seront comme d’autres les victimes collatérales des blocages portuaires en Ukraine et en Russie.

La principale inconnue reste à ce jour, la capacité d’absorption par la Chine des matières premières russes invendues rappelle Yann Alix, expert du transport maritime pour la Fondation Sefacil, et la position du principal armateur chinois Cosco – 4ème mondial  – qui, pour l’instant, entretient le flou sur ses futures activités maritimes.

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