Au Sénégal, l’exploitation du zircon menace le désert de Lompoul
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Au Sénégal, l’exploitation du zircon se poursuit et avance désormais sur la grande côte au nord de Dakar. Elle se rapproche de plus en plus de la zone lucrative du touristique désert de Lompoul qui pourrait vivre sa dernière saison.

De notre correspondante à Dakar,
La drague flottante et son usine de triage de sable avancent petit à petit vers le nord, le long de la côte atlantique. Depuis 2014, ces machines pompent le sable sénégalais pour en extraire le zircon, mais aussi de l’ilménite, du rutile et du leucoxène. Des minerais qui permettent de produire de la céramique ou des pigments blancs dans la peinture, le plastique ou le papier.
La société Grande Côte Opérations (GCO), détenue à 90% par la société minière française Eramet et à 10% par l’État sénégalais, est devenue le quatrième producteur de zircon au monde en moins de dix ans. Après un record de 804 000 tonnes de concentré de sables minéralisés extraits en 2021, dont 15% de zircon, la production a légèrement baissé en 2022, mais les chiffres sont appelés à augmenter à partir de 2024, car la première partie du désert de Lompoul sur laquelle arrive la drague « a une forte teneur en minerai et les dunes sont hautes », explique Guillaume Kurek, directeur général de GCO.
Les conséquences
Le projet d’exploitation du zircon a demandé un premier investissement de 800 millions d’euros. Dans un deuxième temps, elle a connu plusieurs phases de croissance, notamment avec la mise en route d’une nouvelle unité sèche fin 2022. Mais cette phase lucrative pour Eramet a un impact négatif sur l’environnement, car la mine passe sur des villages, des zones de maraichages, surtout sur le désert touristique de Lompoul, des campements vont devoir plier bagage pour laisser passer la drague. Une pétition lancée pour « sauver le désert de Lompoul » en mars dernier a recueilli près de 1 500 signatures.
En contrepartie, GCO met en avant son rôle dans l’économie du Sénégal. Elle a par exemple reconstitué de toute pièce une « oasis du désert » pour assurer une continuité des activités touristiques. « Nous avons créé plus de 2000 emplois locaux et nous sommes le sixième contributeur au budget de l’État en termes de société minière », se vante Guillaume Kurek, patron de la société qui réalise 300 millions d’euros de chiffres d’affaires. Grande Côte Opérations évalue les retombées pour le Sénégal à plus de 120 millions d’euros, un montant qui tient compte des emplois créés, des achats locaux pour le fonctionnement de l’industrie et des taxes payées à l’État.
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