Le blé toujours prisonnier de l'offre de la mer Noire
Publié le :
L'offre mondiale abondante continue de peser sur les prix du blé qui ont atteint un plus bas niveau depuis trois ans et demi. La compétition est toujours aussi rude entre les origines de la mer Noire et les origines européennes. Et cela pourrait durer jusqu'à la fin de cette campagne céréalière.
Rude, féroce, acharnée, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire la bataille que se livrent les exportateurs de blé sur le marché ces dernières semaines. Arthur Portier, consultant chez Argus Media France décrit une « fuite en avant » de toutes les origines qui a conduit le blé européen, coté sur Euronext, à frôler les 190 euros la tonne – contrat pour une livraison au mois de mai –, pour contrer un blé russe descendu sous les 200 dollars la tonne.
Le moteur reste en effet toujours la Russie, c'est elle qui a le « pouvoir » sur le marché du blé : Il y a encore dans le pays beaucoup de grains à charger, pour atteindre l'objectif de 51 millions de tonnes d'exportation.
« Fort d'un coût de production plus faible, ils peuvent mener la guerre des prix » explique Arthur Portier qui précise cependant qu'en dessous de 200 dollars la tonne, la marge des agriculteurs russes se réduit considérablement.
À l'offre abondante de la Russie, il faut ajouter celle de l'Ukraine qui malgré la non-reconduction du corridor céréalier, a réussi à retrouver sa place d'exportateur majeur.
À lire aussiComment l'Ukraine exporte ses céréales depuis la fin de l'accord avec la Russie
Des livraisons annulées par la Chine
Ces données fondamentales du marché, s'accompagnent de nouvelles qui à court terme contribuent à maintenir les prix à leurs niveaux actuels. C'est le cas de l'annulation et du report d'achats chinois de blé. Les volumes concernés ne sont pas négligeables : 500 000 tonnes de blé américain, commandés puis annulés – selon le gouvernement américain-, et autour d'un million de tonnes de blé australien, selon des sources commerciales citées par l'agence Bloomberg, dont la livraison serait en partie différée.
Mais « la dynamique chinoise reste bonne » précise le consultant d'Argus Media France : autrement dit, si ce ralentissement apparent de la demande chinoise est à prendre en compte, il n'est pas de nature à redistribuer les cartes sur le marché international.
Une prochaine campagne à l'équilibre ?
Sauf coup de théâtre, le marché a donc a priori peu de chance d'être bouleversé d'ici à la fin de la campagne céréalière, le 30 juin, car ce qu'on appelle « les fondamentaux » c'est-à-dire l'offre et la demande ne devraient pas évoluer de manière significative.
Ce qui focalise désormais l'attention des observateurs, c'est la prochaine campagne. Difficile encore de dire quel sera l'équilibre entre les surfaces européennes en blé d'hiver qui s'annoncent en baisse et une production russe qui pourrait de nouveau atteindre le seuil psychologique de 90 millions de tonnes. « Un mauvais rendement en Europe n'annoncera pas forcément une remontée des prix » prévient déjà Arthur Portier.
À lire aussiLa compétition acharnée sur le marché des céréales alimente les prix bas
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne