Transports : voyage en mobilités avec Thierry Mallet de Transdev

La vraie liberté, c'est pouvoir se passer de la voiture ! Voilà le message de Thierry Mallet, qui dirige Transdev, l'une des plus grandes entreprises françaises de transport collectif. Transdev travaille avec 18 pays. Une expérience que Thierry Mallet relate dans son livre « Voyages au cœur des villes » publié aux éditions du Cherche Midi.

Couverture du livre « Voyage au cœur de la mobilité » de Thierry Mallet. © capture d'écran/livre.fnac.com

RFI : Le mérite de votre livre est de parler des réussites, comme ces bus de 27 mètres de long en Colombie 

Thierry Mallet : Oui, Transdev en est très fier. Ce modèle correspondait exactement à une capitale comme Bogota où des milliers de gens doivent circuler chaque jour sans posséder de voiture. Ces bus n'existent pas en Europe, sauf un modèle en Suède. Cette solution a permis une circulation dans cette ville de 12 millions d'habitants. Mais surtout d'empêcher des routes encombrées en évitant aux habitants de devoir s'équiper d'une voiture individuelle ou d'une motocyclette.  

RFI : Vous dîtes que le cœur des problèmes aujourd'hui ce sont les transports autour des grandes villes

T.M : Parfaitement. Aujourd'hui dans les centres-villes, les gens ont plusieurs solutions. Les bus, les tramways, les métros... Alors qu'en périphérie, rien n'existe ou presque. C'est un enjeu pour les habitants pauvres qui ne peuvent pas s'installer au coeur des villes, mais qui doivent s'y rendre pour y travailler. 

RFI : Comment faire pour résoudre ce problème ?

T.M : Les parking relais ! Ce sont des solutions qui fonctionnent. L'idée est d'entourer une ville de parkings, de gares routières situées à 50 ou 60 km des centres urbains. De cette façon, vous vous rendez dans ce parking pour prendre des bus qui vous conduisent directement au centre-ville, avec des arrêts près des gares de trains.

RFI : Ces parkings-relais existent déjà dans le monde ?

T.M : Oui, les meilleurs exemples en France sont autour de Paris ou Bordeaux. Mais les plus performants sont sans doute les Espagnols avec leurs installations autour de Madrid. Là-bas, vous avez même des sorties d'autoroute qui (vous permettent) de garer votre voiture sur un parking de cars, et de là, vous allez à Madrid en évitant tous les bouchons. L'offre est valable puisqu'il y a des navettes express régulières.

RFI : Avec des économies pour le porte-monnaie ?

T.M : Evidemment ! Sachez qu'avec ces parkings, les usagers économisent près de 200 euros par mois.

RFI : Pour les centres-villes, vous dîtes aussi qu'il ne faut pas être un doux rêveur en pensant que l'essor des pistes cyclables et des trottinettes résoudront les problèmes de protection de l'environnement    

T.M : Il faut de tout ! Des voitures hybrides, des vélos, mais surtout des transports partagés. La part du vélo en France est de 1% ; aux Pays-Bas, le pays d'excellence du vélo, cette part est de 8%. Donc ce n'est pas une solution à elle seule qui fonctionne, mais un mélange de tout. Et à vélo, vous pouvez rejoindre un parking-relais ou une gare de train pour continuer votre trajet !

RFI : RFI est très écoutée en Afrique. Un continent où en ce moment même, des gouvernements réfléchissent à la façon d'organiser leurs infrastructures, leurs transports dans leur centre-ville. Quels conseils leur donneriez-vous ? 

T.M : De penser les villes en fonction des transports et pas le contraire. Construire des immeubles proches des gares routières ou des gares de train, c'est primordial. Les pays qui sauront proposer des transports en commun le plus proche des habitations sont gagnantes.

 RFI : Nous nous rencontrons à la sortie de ce salon European Mobility à Paris, où vous avez rencontré beaucoup d'élus... ou plutôt des fans ! Des lecteurs qui vous ont dit combien votre livre les aide à prendre des décisions pour leur propre ville.

T.M : C'est un plaisir de les rencontrer ! Leur enthousiasme prouve que ce livre donne les bons ingrédients pour avancer dans la mobilité des villes de demain. Transdev et son expérience à l’international les aide et m'aide aussi. Elle m'a poussé à écrire ce livre. J'en suis très heureux.