Grosse colère des responsables de l'Alliance 4F. Ce groupe rassemble les principaux industriels français du fret ferroviaire. La semaine dernière, leur rendez-vous avec le ministre des Transports a été annulé. Ils devaient parler de la relance du transport de marchandises par le rail. Or, depuis, et malgré les appels, le ministère ne répond plus. Entretien avec Raphaël Doutrebente, porte-parole de l'Alliance 4F.

RFI : L’Alliance 4F que vous représentez est en colère. De l’indifférence ressentie suite à ce rendez-vous manqué en janvier au ministère des Transports ?
Raphaël Doutrebente : Il y a de quoi être mécontent. Nous ne contestons pas le fait de reporter un rendez-vous. C’est le silence depuis, et malgré nos appels pour nous donner une autre date d’entretien avec notre ministre des Transports.
Le gouvernement ne prend pas la mesure de l’importance du fret, le transport de marchandises ?
Exactement. Nous sommes les parents pauvres du transport. Après avoir souhaité un plan de relance du fret avant la crise du Covid, la France ne semble plus en faire une priorité.
Pourtant, ces deux dernières années, les marchandises lors du Covid-19, ont été transportées par train.
Parfaitement. Sans les trains pour transporter les céréales, le carburant, les matières premières de construction des bâtiments ou les médicaments, comment l’économie française aurait-elle fonctionné ? Je le redis, la menace c'est une économie française bloquée.
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Vous demandez une enveloppe pour rénover les voies. Les travaux sont les seules revendications ?
Aujourd’hui, il manque un milliard par an pour moderniser le réseau SNCF Réseau, le réseau français.
SNCF Réseau, c’est le secteur de la SNCF (Société nationale des chemins de fer, NDLR) dédié au transport de marchandises ?
Oui, c’est une partie de l’Alliance 4F, ce groupe que je représente des opérateurs de fret en France. Or, les voies ferrées de SNCF Réseau sont des rails qui sillonnent la France et qui sont négligés. Il y a urgence. La situation s’aggrave d’année en année.
Quels sont les effets en temps réel lors du transport pour vous, opérateurs du transport ?
Juste un exemple : ça veut dire que pour aller d’un point A à un point B, on nous annonce pouvoir aller à 120 kilomètres par heure et qu’en réalité, vous ne conduisez qu’à 50 kilomètres par heure. Résultat, les marchandises n’arrivent pas à temps.
À ce rythme-là, la France pourrait perdre des marchés dans le secteur des transporteurs ?
Évidemment, et c’est ce qui nous pend au nez. En Allemagne, en Suisse, en Italie, vous avez des crédits alloués aux rénovations des voies qui vont jusqu’à quatre fois plus qu’en France.
Fin janvier 2023, le président Macron a pourtant affiché ses ambitions pour réduire la pollution d’ici 2030. Il n’aurait pas pris conscience de ce laisser-aller autour du transport par train ?
Au cours de son discours, il n’y pas eu un mot sur le transport par train. Il y a vraiment un danger à oublier le transport ferré. Sur les trains, nous mettons des camions. Nous ne sommes pas en concurrence avec la route. Nous travaillons ensemble. Les camions vont là où les trains ne peuvent pas circuler. Et n’oublions pas qu’un train de marchandises ce sont 40 camions de moins sur la route.
Le transport ferroviaire a même du carburant moins polluant ?
Oui. Nous avons déjà des carburants alternatifs. 23% de notre trafic qui roulait au diesel fonctionne aujourd'hui au biocarburant à base de colza français.
Au niveau économique, quels sont les risques ?
D’abord, j’aimerais dire que des voies non entretenues c’est aussi un risque d’accident, donc de pertes économiques. D’autre part, en rénovant et en construisant un bon maillage de voies ferrées pour relier les usines aux centres de distribution, la France y gagne sur tous les plans. Parce que derrière qu’il y-a-t-il ? Il y a des emplois et des industries qui fonctionnent bien.
Vous sentez chez les industriels français une volonté d’investir dans le transport ferré ?
Tous les jours, des industriels qui travaillent avec nous me disent leur volonté de raccorder leurs usines au réseau ferré. Il faut surtout investir et planifier les travaux sur les infrastructures.
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