Des couleurs pour différencier le passage des marchandises entre l'Angleterre, l'Irlande du Nord et sa voisine, la République d'Irlande. Après trois ans de flou administratif, un accord entre la Commission de Bruxelles et le Premier ministre britannique Rishi Sunak a été trouvé. Désormais, les marchandises provenant d'Angleterre emprunteront des passages selon qu'ils soient soumis aux taxes ou contrôles sanitaires supplémentaires. En cause, le respect du Brexit. Entretien avec Jean-Marc Roué, le président de Brittany Ferries, l'un des plus grands transporteurs européens.
RFI : Du vert et du rouge, des tunnels différenciés depuis le Brexit… Qu'est-ce que cela a changé pour Britanny Ferries ?
Jean-Marc Roué : Avec le Brexit, l'Union européenne a dû trouver un compromis sur les frontières avec la Grande-Bretagne. Mais pour le moment, les contrôles ne se font que dans un sens ! L'UE a installé ses frontières pour les transports concernant la France par exemple. Le Royaume-Uni a tardé, mais elle arrive ! Cette frontière marchande est promise pour l'automne.
Pour quelle raison ce retard dans l'installation de cette frontière ?
Très concrètement, parce qu'ils n'étaient pas prêts. Pas préparés à mettre en place le Brexit, cette décision économique et financière de sortir de l'Union européenne.
Pour un transporteur de marchandises comme Brittany Ferries, cette frontière annoncée en septembre… Bonne ou mauvaise nouvelle ?
Cela ne nous arrange pas du tout. Depuis 2019 et l'annonce du Brexit, ce sont 25% d'échanges en moins. L'équivalent d'un camion sur quatre qui n'existent plus après le Brexit !
Comment fonctionnent ces passages voies vertes et rouges ?
Un camion qui quitte la Grande-Bretagne et qui vient sur le territoire européen arrive aujourd'hui au port. Pendant sa traversée vers les cotes européennes, il fait une déclaration de ses marchandises. Cette déclaration est un document dématérialisé par ordinateur. S'il arrive en France, ce camion sera géré par les douanes françaises qui vont décider pendant le temps de transport si le véhicule a le droit de continuer sa route ou s'il est soumis à un contrôle.
Les douaniers ouvrent le véhicule ?
Oui ! Notamment en cas de contrôle pour des transports de fruits de mer, de viande ou de fruits et légumes frais. Moi qui connais bien le domaine des salades, je peux vous dire que les inspections se font pour éviter l'entrée de salades en putréfaction ou d'autres sortes de denrées avariées auprès des consommateurs européens. Dans ce cas-là, c'est le tunnel rouge ou orange, les marchandises sont examinées.
Cette frontière britannique à l'automne va modifier le transport de marchandises, moins le transfert de passagers.
Oui, le Brexit est surtout une question économique du transport de Fret. Pour les Européens, en attendant, il a bien fallu répondre aux règlements frontaliers avec de nouveaux contrôles de douanes pour payer des taxes. C'est exactement l'inverse de l'Asie et du Canada par exemple. Le libre-échange avec les 27 Européens a permis de faciliter les échanges. Ce sont autant d'investisseurs européens qui n'importent plus, parce qu'un certain nombre d'usines et les entreprises ont disparu ou quitté l'Angleterre.
Le président Macron l'a annoncé, il souhaite renforcer les voyages et les liens de la République d'Irlande avec la France. Vous collaborez au projet, quelles nouveautés pour vos traversées Paris-Dublin ?
Chez Britanny Ferries, nous ouvrons des lignes supplémentaires d'Irlande vers la France et de France vers l'Irlande. Nous préparons également des systèmes de billetteries rapides et peu chères. Trains et bateaux réunis. Ces trajets couplés faciliteront les mouvements d'étudiants ou de jeunes adultes travailleurs.
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