Isabel Díaz Ayuso, l’égérie de la droite dure espagnole
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Elle est l'une des grandes gagnantes des élections municipales et régionales espagnoles, qui se sont tenues dimanche 28 mai 2023. Isabel Díaz Ayuso restera présidente de la région de Madrid pour les quatre prochaines années. Elle a même remporté une majorité absolue. Quasi-inconnue à son arrivée au pouvoir en 2019, elle est aujourd'hui une figure majeure de la droite espagnole.

Isabel Díaz Ayuso, c'est avant tout un style : un ton provocateur et l'attaque directe de ses adversaires politiques. « Je rappelle que Pedro Sánchez était celui qui prétendait rendre à la vie politique espagnole sa dignité », ironisait-elle lors d’un discours en mai 2023. « Et la vérité est que jamais en 46 ans de démocratie, un président du gouvernement n’était tombé aussi bas. » S'en prendre farouchement au gouvernement socialiste de Pedro Sánchez est devenu récurrent chez Isabel Díaz Ayuso. L'élue conservatrice du Parti populaire reproche notamment à la gauche ses alliances avec les indépendantistes basques et catalans.
Son discours sans filtre et impulsif est devenu sa marque de fabrique. « Elle se nourrit d’une politique de confrontation et l'utilise constamment », explique Ana Sofía Cardenal, professeure de sciences politiques à l'Université ouverte de Catalogne. « Elle s'est spécialisée dans cette opposition au gouvernement national de Pedro Sánchez. Ses sujets de prédilection sont donc toujours ces mêmes idées selon lesquelles nous allons vers une sorte de Venezuela, que nous avons une gauche communiste, terroriste, comme s’il s’agissait d’une gauche stalinienne ou bolivarienne. Et tout cela de manière très exagérée. »
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Ambitieuse et sûre d’elle
Ses positions musclées lui valent d'être comparée à Donald Trump par ses adversaires. À l'instar de l'ancien président américain, Isabel Díaz Ayuso clame haut et fort sa défiance envers les médias. Elle a aussi appliqué une politique très peu restrictive à Madrid pendant la pandémie, en refusant de fermer les bars et les restaurants. Mais les partisans de la cheffe de l'opposition sont friands de ce caractère affirmé. Pour eux, cela reflète une droite ambitieuse et décomplexée.
Haïe par les uns et adorée par les autres, la figure d'Isabel Díaz Ayuso est donc pour le moins clivante, comme le constate Ana Sofía Cardenal : « Je pense qu’elle est vraiment très populaire à Madrid, et qu'elle est vraiment très impopulaire dans les territoires périphériques comme la Catalogne ou le Pays basque. Et entre les deux, je dirais qu’il y a les autres régions. »
La victoire triomphale d'Isabel Díaz Ayuso à Madrid n'a rien d'étonnant, dans une capitale devenue un terreau fertile de la droite espagnole. Pour Paloma Román Marugán, politologue à l'Université Complutense de Madrid, la ville a connu un processus de « droitisation » ces dernières années : « Isabel Díaz Ayuso est considérée par le bloc de droite comme une héroïne, une sauveuse, au vu de la période plus à gauche que connaît l'Espagne depuis 2018, depuis que Pedro Sanchez est devenu président du gouvernement. »
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Après Madrid, un destin national ?
Issue d'une famille de petits entrepreneurs ruinés par la crise de 2008, cette ancienne journaliste est même parvenue à conquérir progressivement l'électorat des autres formations de droite, comme Ciudadanos, parti de centre droit, et Vox à l'extrême droite. Mais au-delà de son succès régional, Isabel Díaz Ayuso pourrait avoir des ambitions nationales. Elle est d’ailleurs souvent présentée comme un danger pour le chef de file du Parti populaire. « Ses ambitions sont désormais satisfaites au niveau régional puisqu'elle a obtenu la majorité absolue. Elle va donc gouverner pendant les quatre prochaines années dans la communauté de Madrid sans aucun obstacle ni négociations », rappelle Paloma Román Marugán. « Au niveau national, elle est logiquement en dessous du candidat du Parti populaire à la présidence du gouvernement, Alberto Nuñez Feijóo. Mais elle le suit de très près. Le leadership des partis politiques se mesure habituellement à leur capacité à remporter des élections. Et Isabel Díaz Ayuso a cette capacité. »
En cas d'échec d'Alberto Nuñez Feijóo lors des élections législatives anticipées le 23 juillet, Isabel Díaz Ayuso a pour l'instant toutes ses chances de lui succéder à la présidence du Parti populaire.
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