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Mohamed Bazoum, au Niger: «Le pouvoir est déjà entre nos mains»

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Qui va gagner le second tour de la présidentielle au Niger, dimanche prochain ? Hier, à la même heure, Mahamane Ousmane, se disait sûr de gagner. Aujourd'hui, voici le candidat du pouvoir, Mohamed Bazoum, qui est sorti du premier tour avec 22 points d'avance sur son adversaire. Lui non plus ne doute pas de la victoire. Avec son « stock de voix » et les derniers ralliements, il y croit même dur comme fer. En ligne de Zinder, l'ancien ministre de l'Intérieur et des Affaires étrangères répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

Mohamed Bazoum, le 13 mai 2016.
Mohamed Bazoum, le 13 mai 2016. © Wikimedia Commons
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RFI : Vous êtes arrivé en tête au premier tour avec 22 points d’avance sur votre adversaire, mais celui-ci affirme que les chiffres sont bidons et qu’il est sûr de gagner au second tour.

Mohamed Bazoum :  Oui, en effet, je l’ai entendu dire que ces chiffres étaient dus au fait que l’opposition était absente de la Céni. Je voudrais lui faire remarquer qu’il avait un représentant à la Céni. S’il est vrai que depuis toujours l’opposition avait refusé que ses cinq représentants soient présents à la Céni, il n’en demeure pas moins vrai que, lorsque tous les candidats avaient été connus et validés par la Cour constitutionnelle, chacun a désigné son représentant et donc chaque candidat dont monsieur Ousmane avait son représentant à la Céni. Il ne peut pas invoquer l’argument de leur absence à la Céni pour prétendre que les résultats étaient bidons.

Alors, pour renforcer vos chances de succès, Mohamed Bazoum, vous avez négocié le ralliement à votre candidature de Seini Oumarou et d’Albadé Abouba, les candidats arrivés troisième et quatrième. Mais votre adversaire affirme que ce ne sont que des ralliements individuels et que les électeurs de ces deux candidats ne vont pas les suivre dans leur retournement.

Pourquoi ne le feraient-ils pas alors qu’ils l’avaient fait en 2011 ? Quand lui avait soutenu monsieur Seini Oumarou et que Hama Amadou avait soutenu monsieur Mahamadou Issoufou, tous les électeurs de Mahamane Ousmane avaient soutenu Seini Oumarou et ceux de Hama Amadou avait soutenu Issoufou Mahamadou. Il doit se souvenir. Donc, c’est une constante au Niger que les électeurs suivent le mot d’ordre les états-majors des partis politiques. Au demeurant, il ne peut pas invoquer une seule déclaration d’un militant quelconque des partis de monsieur Seini Oumourou et monsieur Albadé Abouba qui pourrait apparaître comme une déclaration dissidente.

Et si vous gagnez dimanche prochain, est-ce que monsieur Seini Oumarou, en échange de son ralliement à votre cause, aura la présidence de l’Assemblée nationale ?

Ce sont des choses qui sont courantes dans les alliances entre partis politiques. Un des candidats du premier tour qui m’a soutenu au second tour sera président de l’Assemblée nationale.

Et comme Seini Oumarou est le mieux placé de tous ceux qui vous ont rallié, ce serait logiquement lui qui devrait avoir le perchoir ?

Nous allons faire nos discussions et les citoyens nigériens verront la décision que nous aurons prise.

Mohammed Bazoum, il y a un atout dans le jeu de votre adversaire, c’est le soutien que lui apporte Hama Amadou et son parti Moden Fa Lumana. C’est un soutien électoral qui risque de peser dimanche prochain ?

S’il pèse, c’est qu’il a déjà pesé. Monsieur Hama Amadou pèse à peu près 12% et il l’a soutenu dès le premier tour, donc il n’a aucune réserve de voix.

Est-ce que vous êtes sûr de gagner dimanche prochain ou est-ce que vous restez modeste devant l’enjeu de ce scrutin ?

C’est une élection libre et démocratique, mais statistiquement, c’est clair que je vais l’emporter, il faut un miracle pour que le contraire soit vérifié. Je vais gagner cette élection, j’ai un stock de voix qui m’appartient, qui est conséquent. J’ai des ralliements qui sont très importants. Et la tradition au Niger, c’est que les militants des partis suivent totalement les consignes des états-majors de leur formation politique. Lorsque l’on met tout ça ensemble, il est clair que je vais remporter cette élection. Inch Allah.

Vous dites vouloir continuer et consolider l’œuvre du président Issoufou et du parti PNDS. Quelle sera votre priorité si vous êtes élu ?

Ma priorité, ce sera l’éducation. Je vais mettre un accent particulier pour promouvoir l’école nigérienne. Je vais promouvoir aussi la formation des jeunes et je les mettrai en situation de pouvoir avoir un boulot plus facilement.

On connait votre engagement sur le plan sécuritaire depuis dix ans, mais votre adversaire affirme : « quand le PNDS est arrivé au pouvoir en 2011, il n’y avait pas de Boko Haram au Niger, maintenant il y en a, c’est la preuve de l’échec de votre politique ».

Oui, je lui fais remarquer qu’il n’y avait pas Boko Haram au Tchad, il n’y en avait pas davantage au Cameroun.

Pour cette dernière semaine de campagne, Mohamed Bazoum, vous étiez prêt à affronter votre adversaire dans un débat radio télévisé, mais Mahamane Ousmane réplique que les Nigériens sont déjà assez édifiés par dix ans de PNDS au pouvoir, ils n’ont pas besoin de deux heures de débat supplémentaire.

C’est vrai pour tous les autres pays du monde, je pense que ce ne sont pas des arguments recevables. Monsieur Ousmane, il sait que je lui poserai une seule question qui l’embarrasserait et qui ne lui permettrait même plus de poursuivre le débat. En effet, je lui demanderais : avec sept députés pour votre parti et 37 au total pour votre bloc, comment vous comptez gouverner ? Et il n’a pas envie de répondre parce qu’alors les Nigériens se rendraient compte que monsieur Ousmane, même s’il était élu, ne pourrait pas gouverner, et que le pouvoir est déjà entre nos mains à nous puisque nous avons 139 députés, c’est une majorité très large et c’est elle qui va gouverner.

Le candidat de l'opposition, Mahamane Ousmane, sur RFI le 15 février 2021.

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