Huang Xia, envoyé spécial de l'ONU, espère «un renforcement des forces armées de la RDC»
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Huang Xia, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU dans l’Afrique des Grands Lacs est l'invité de Christophe Boisbouvier. Le diplomate chinois revient sur les points chauds du moment alors qu'un nouveau gouvernement vient de prendre ses fonctions en République démocratique du Congo: l’insécurité dans l’est du pays et l'engagement de la Monusco dans cette même région, perturbée par la présence de groupes armés, ou encore les relations parfois tendues avec les pays voisins.
Le 9 avril, en RDC, un manifestant a été tué par balle à Butembo, dans l’est du pays, lors d’une marche contre l’inaction de l’ONU face aux massacres commis par les groupes rebelles. Quelle est votre réaction ?
Nous comprenons pleinement l’état d’esprit des populations, qui sont les victimes quotidiennes des exactions causées par les ADF et les autres groupes armés. Mardi, au Conseil de sécurité de l'ONU, j’ai de nouveau réitéré toute ma solidarité avec ces populations, mais également avec la Monusco et sa force d’intervention, qui font vraiment de leur mieux, dans des circonstances peu évidentes, pour soutenir les forces armées de la RDC, la police nationale, et pour renforcer leurs actions contre ces groupes. Je suis également inquiété par des rapports sur la régionalisation croissante de la composition des ADF, et par ses liens éventuels à l’Etat islamique.
Le 2 avril dernier, plusieurs centaines de jeunes de la ville de Beni sont partis en brousse avec des machettes, des haches, des arcs et de flèches, pour chasser les rebelles ADF. Est-ce que c’est aux populations civiles de faire ce travail ? Est-ce que cela ne devrait pas être le rôle des forces armées de RDC ?
Effectivement, ce travail revient plutôt aux forces armées de la RDC. Je vois qu’un nouveau gouvernement est né à Kinshasa, nous espérons bien qu’un effort plus conséquent sera déployé pour renforcer les capacités d’actions des forces armées de la RDC, et aussi pour renforcer la coopération régionale.
Est-ce qu’un effort plus conséquent de la Monusco est également possible ?
L’ONU travaille pleinement là-dessus, pour voir comment mieux accompagner, mieux appuyer le gouvernement de la RDC, c’est ce que ma collègue, la cheffe de la Monusco, a développé le 30 mars dernier devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Soyez assuré, que ce soit en RDC ou dans le cadre régional, que toutes les entités des Nations unies travaillent ensemble, d'arrache-pied, pour mieux accompagner, mieux appuyer les autorités congolaises.
L’un des gros problèmes, c’est le manque de coopération entre la RDC et l’Ouganda pour combattre les rebelles ADF, qui viennent précisément d’Ouganda. Que peut-on faire aujourd’hui ?
Je ne pense pas qu’il n’y ait pas de coopération. J’aimerais plutôt relativiser les choses, le président Tshisekedi et le président Museveni se sont rencontrés et ont échangé sur cette question à plusieurs reprises, y compris dans le cadre du mini-sommet organisé par le président de la RDC à Goma en octobre dernier. Les rencontres se poursuivent au niveau technique, y compris entre le chef d’état-major ougandais et les responsables militaires et sécuritaires de la RDC. Tout cela me semble bien augurer d’une coopération sécuritaire qu’il faut saluer et encourager. Cela témoigne également du chemin parcouru au cours des deux dernières années, en termes de renforcement de la confiance.
Est-ce que des opérations militaires conjointes entre le Congo et l’Ouganda sont possibles ou non ?
S'il y a une opération conjointe, il faut que ce soit une approche coordonnée et ordonnée. Il faut tenir compte pleinement des différentes sensibilités entre les différents pays et bien expliquer [cette opération conjointe ndlr] aux populations, surtout aux populations de l’est de la RDC, pour avoir une meilleure compréhension, une meilleure acceptation par ces populations.
►À lire aussi : En RDC, la société civile se questionne sur la présence de la Monusco dans l’Est
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