Jean-Bernard Padaré: «Idriss Déby est une perte immense pour ceux qui aiment» le Tchad
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En trente ans, le « maréchal » a « essoré » ses ministres et collaborateurs, mais beaucoup lui restaient néanmoins fidèles. C'est le cas de Jean-Bernard Padaré, ancien ministre, ancien secrétaire général de la présidence, secrétaire général adjoint et porte-parole du Mouvement patriotique du salut (MPS). Cet indéfectible défenseur de la politique du chef de l'État est l'invité de RFI.

RFI : Vous avez longtemps servi Idriss Déby, il a été votre mentor en politique, que retenez-vous de lui ?
Jean-Bernard Padaré : Pour moi il n’est pas seulement un mentor, il est un leader pour moi, parce que c’est lui qui m’a initié à la politique, et j’ai intensément appris à ses côtés. C’est une perte immense pour des gens qui aiment ce pays, il nous a laissé un héritage, c’est-à-dire le sacrifice pour la défense de l’intérêt national et comme il l’a tout le temps dit ce qui doit être le plus cher pour toi c’est le pays, le Tchad est au-dessus de tout, aujourd’hui il l’a prouvé, pour moi ça sera difficile de l’oublier.
La question de la transition fait débat désormais, est-ce qu’un pouvoir militaire était la seule solution ?
Le Tchad est un État de droit, le Tchad a ses institutions mais en même temps il y a une réalité qui s’impose aux Tchadiens, nous avons beaucoup de défis sécuritaires donc il y avait un choix à faire. Les puristes auraient choisi de dire « bon il y a la Constitution qui est là, il faut qu’on l’applique », mais les pragmatiques dont je fais partie, parce que l’intérêt supérieur de la nation, la sécurité prime tout, la mise en place de ce conseil militaire est une exigence de sécurité.
Donc vous reconnaissez comme le disent les opposants que cette transition n’est pas constitutionnelle, mais vous dites que les circonstances font qu’il faut passer outre ?
La Constitution est suspendue, l’Assemblée est dissoute, le gouvernement est dissous, ce qui a primé c’est ce pourquoi le maréchal du Tchad Idriss Déby s’est sacrifié, nous devons au moins honorer sa mort en faisant en sorte que la sécurité soit assurée pour nos concitoyens, les militaires ont assumé leur responsabilité devant la nation et devant l’histoire.
Que répondez-vous à ceux qui disent que cette succession quasiment dynastique ne peut qu’entrainer le Tchad vers un regain de conflit interne et externe ?
Je ne suis pas dans cette grille de lecture, on parle de succession alors qu’on est dans une phase de transition de 18 mois. Les choses sont claires et nettes, ils ont décidé de mettre en place une charte, il y aura certainement un gouvernement suivi pour amener à l’organisation de l’élection présidentielle dans le délai des 18 mois. Dans l’intervalle, il y aura une concertation nationale où que ce soient les opposants de l’intérieur, ceux qui ont pris les armes, ou ceux qui sont à l’extérieur peuvent participer de façon à ce qu’effectivement le Tchad soit au-dessus de nos querelles.
Vous nous assurez que la concertation à venir qu’organiseront les militaires sera une concertation inclusive y compris pour les groupes armés ?
Mais bien évidemment, sauf si ces groupes recherchent autre chose que l’intérêt supérieur du Tchad.
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