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Pascal Affi N'Guessan (FPI): en 2025, «ce serait une surprise que je ne sois pas candidat»

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Nouveau départ pour le FPI en Côte d’Ivoire. Le parti créé dans les années 1980 par Laurent Gbagbo a vu son fondateur partir pour créer sa propre formation. Laurent Gbagbo avait renoncé à une longue bataille juridique pour tenter de reprendre le FPI à Pascal Affi N’Guessan qui en était devenu le président légalement reconnu. Samedi 13 novembre, en présence d’émissaires d’autres partis dont le RHDP au pouvoir, le FPI tenait son premier congrès de l’ère post-Gbagbo dans un palais des sports d’Abidjan plein à craquer : 11 000 participants mis en ordre de marche pour les prochaines échéances électorales. En ligne de mire : les élections locales et régionales de 2023, mais surtout la présidentielle de 2025. Le président du FPI Pascal Affi N'Gguessan est l’invité de RFI ce matin. Il répond aux questions de Pierre Pinto.

Pascal Affi N'Guessan, président du FPI, le Front populaire ivoirien.
Pascal Affi N'Guessan, président du FPI, le Front populaire ivoirien. © RFI
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RFI : « Cette rupture est une libération, un soulagement… » Avez-vous déclaré samedi, à propos de votre divorce politique avec Laurent Gbagbo. Quel cap allez-vous donner maintenant au FPI, alors que vous êtes désormais seul maître à bord ?

Pascal Affi Nguessan : Nous continuons notre bataille pour consolider le parti, pour gagner les prochaines élections, pour réaffirmer notre identité, notre projet politique… C’est véritablement ces deux dimensions que nous allons poursuivre.

Lors des dernières législatives, en mars, vous avez eu deux sièges à l’Assemblée nationale, dont le vôtre. Les pro-Gbagbo, eux, en ont conquis dix-huit. Est-ce que ce n’est pas la preuve que Laurent Gbagbo est parti avec les cadres, les militants et les électeurs ?

Dix-huit, avec le soutien du PDCI-RDA… Et dans beaucoup de circonscriptions, ils ont bénéficié de l’investiture du PDCI. Deux, parce que nous étions dans un contexte de confusion, qui a démobilisé nos militants. Et je crois que le congrès du 13 novembre vient démontrer qu’après la rupture du 9, il y a une remobilisation de toute la classe politique, au niveau du Front populaire ivoirien, de tous les militants, et que certainement les élections à venir vont montrer le vrai visage du Front populaire ivoirien.

Est-ce que le FPI est prêt pour 2023, aujourd’hui ?

Nous devons continuer à nous préparer. Le congrès a montré que la mobilisation est de retour, que les militants se sont mis debout… Il convient maintenant d’accompagner ce mouvement sur le terrain, c’est le sens de la réorganisation du parti, de faire en sorte que nous ayons de meilleurs résultats en 2023, d’abord, et que nous puissions gagner l’élection présidentielle de 2025.

Vous serez candidat en 2025, à la présidentielle ?

Personnellement, oui. Étant donné que j’ai déjà été candidat en 2015 et 2020, ce serait une surprise que je ne sois pas candidat. Maintenant il appartiendra à a direction du parti - aux instances du parti - de décider si ces instances estiment que je peux continuer de porter le flambeau du Front populaire ivoirien.

Il y a un débat en cours depuis plusieurs semaines, en Côte d’Ivoire, sur la fameuse limite d’âge pour les candidats à la présidentielle qui serait à 75 ans – donc cela ne vous concerne pas, puisque vous aurez 72 ans en 2025 – mais est-ce que vous êtes favorable à cette mesure ?

Mais bien sûr, nous sommes favorables à cette mesure depuis 2000. Nous avons été à l’initiative de la limitation de mandats et d’un certain nombre de réformes de modernisation de la vie politique nationale : le vote à 18 ans, le bulletin unique, la limitation des mandats, etc., notre position n’a pas changé.

Vous aviez invité Simone Gbagbo à votre congrès. Elle n’est pas venue, elle est elle-même en rupture politique et personnelle avec Laurent Gbagbo. Est-ce que vous regrettez son absence ?

Dans une certaine mesure, puisqu’elle a sa place au Front populaire ivoirien. Pour le moment, elle n’a pas exprimé sa position de quitter le parti, donc nous la considérons toujours comme des nôtres et nous aurions aimé vraiment l’avoir à ce moment historique de la vie du parti.

Vous avez été récemment reçu par Alassane Ouattara à la présidence. Pourquoi aviez-vous demandé cette audience ?

Parce qu’il y a beaucoup de problèmes qui affectent la vie des Ivoiriens. D’abord, les questions liées à la paix, à la réconciliation nationale, parce qu’à l’heure actuelle, il y a encore des prisonniers politiques de la crise de 2010-2011 qu’il faut élargir. Il y a ceux-là mêmes de la désobéissance civile, il y a la question de la préparation des élections futures, à travers un dialogue national inclusif, qui nous permettrait d’assainir l’environnement juridique et institutionnel des élections, de faire en sorte que les prochaines élections ne dégénèrent pas encore comme par le passé, dans des violences… Donc il y a aussi des problèmes sociaux qui touchent les agriculteurs, les travailleurs de façon générale.

En tant que responsables politiques de l’opposition, il nous appartient d’évoquer ces questions, d’agir pour que ces problèmes soient résolus. C’est donc perspective que j’ai sollicité cette audience. Je voudrais vraiment profiter de votre micro pour remercier le chef de l’État de l’honneur qu’il nous a fait de nous recevoir et de l’oreille attentive qu’il a accordée à toutes les questions que nous avons évoquées.

Est-ce que si le chef de l’État vous conviait à participer à un gouvernement d’ouverture vous iriez ?

Nous sommes à l’heure actuelle résolument dans l’opposition. Mais nous sommes ouverts à tout ce qui peut faire avancer la Côte d’Ivoire, tout ce qui permet d’apaiser l’environnement national, de construire la démocratie, de résoudre les questions des divisions et de promouvoir la réconciliation nationale.

Qu’est-ce que vous gardez de l’alliance de l’opposition anti-Ouattara de l’année dernière de la désobéissance civile ?

Oh ! Un amer souvenir, puisqu’en définitive cela a été une symphonie inachevée. Nous avons mené une grande bataille - c’est vrai - malheureusement, nous n’avons pas su la conclure, en participant ensemble aux élections législatives de façon unie, de manière à présenter un seul candidat dans chaque circonscription. L’opposition telle qu’elle s’est présentée a montré ses limites, nous sommes donc aujourd’hui dans une autre perspective.

Vous regrettez d’avoir été le porte-parole du CNT ?

Non, pas de regrets, parce que je l’ai fait en toute responsabilité, mais je regrette qu’il y ait eu beaucoup de violences et des morts. Ce n’est pas ce que nous souhaitions. Ce que nous souhaitions, c’était d’appeler le gouvernement à un dialogue, pour que l’on trouve par le dialogue des solutions au contentieux qui nous opposait au chef de l’État et à son parti. Malheureusement, ce dialogue n’est pas arrivé. C’est plutôt la violence et la confrontation qui ont été opposées à cette revendication. C’est regrettable et je pense que les uns et les autres, nous avons tous tiré des leçons. Parce qu’aujourd’hui, lorsque je vois le RHDP au congrès du Front populaire ivoirien et que j’entends le discours de monsieur Bictogo, je dis que nous avons effectivement tous tiré les leçons et que nous sommes plus que jamais ouverts à rechercher ensemble les voies et moyens, pour que la Cote d’Ivoire ne revive plus des violences, qu’elle s’engage sur la voie la paix, de la stabilité et du progrès.

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