Paulette Missambo (Union nationale): «Notre priorité, rassembler les Gabonais autour de notre projet»
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Elle est la première femme à diriger un grand parti politique au Gabon. Il y a un mois, à l'issue d'une longue campagne interne et d'un vote très disputé lors du congrès, Paulette Missambo a pris la tête de l’Union nationale par 308 voix de délégués contre 298 à Paul-Marie Gondjout. Elle succède ainsi à Zacharie Myboto à la présidence de ce parti formé par d'anciens cadres du pouvoir gabonais, ayant refusé la succession familiale à la tête du pays en 2009. État du Gabon, préparation aux élections générales de 2023... Paulette Missambo répond aux questions de François Mazet.

RFI : La campagne interne à l’Union nationale a été longue et disputée, elle s’est achevée avec votre élections par seulement dix voix d’avance sur plus de 600 délégués. Votre adversaire Paul-Marie Gondjout a dans la foulée reconnu sa défaite, quel bilan faites-vous de cette séquence et de ce Congrès ?
Paulette Missambo : Cette campagne a été un moment d’expression démocratique véritable, parce que non seulement nous avons été à la rencontre, à l’écoute des militants, mais chacun a pu donner son point de vue, ses propositions, et chacun a pu s’exprimer, y compris au moment du vote. La leçon que nous pouvons retenir c’est que nos compatriotes sont désormais prêts à se prendre en charge et à choisir librement leurs représentants.
On a dit, parmi les explications à votre succès, que l’Union nationale ne pouvait pas organiser une succession familiale en son sein puisque monsieur Gondjout est le gendre de monsieur Myboto, alors que justement le parti est né pour combattre une succession familiale à la tête du pays, est-ce que c’est une explication qui vous convient ?
Oui, c’est une explication parmi tant d’autres. C’est vrai qu’à l’origine, la création de l’Union nationale c’était le refus d’une succession monarchique en 2009, et donc les fondateurs se sont mis d’accord pour créer un parti qui ne serait pas au service d’un individu mais au service de tout le peuple gabonais, et ce sont ces fondamentaux qui doivent continuer à guider notre nation. Et puis il y a que j’ai proposé un projet de gouvernance de notre parti qui a plu aux militants, donc c’est ce qui a fait la différence.
En tant que chef de l’Union nationale, est-ce que vous serez la candidate de ce parti à l’élection présidentielle ?
Nous avons l’ambition d’abord de gagner toutes les élections, d’aller à la conquête des Gabonais pour les élections locales, les élections législatives et puis bien évidemment l’Union nationale a la prétention de réunir en son sein suffisamment de compétences pour pouvoir prétendre avoir un candidat à la présidentielle. Donc le moment venu, oui je suis sûre que la question sera posée, mais pour le moment notre priorité c’est de rassembler les Gabonais autour de notre projet.
Est-ce qu'au deuxième tour, vous vous retrouverez avec les autres candidats de l’opposition contre Ali Bongo ?
Oui, je ne sais pas si c’est contre Ali Bongo, mais l’important c’est d’abord conforter notre parti, et ensuite oui au deuxième tour appeler à l’union parce qu'il faudra effectivement rassembler le plus grand nombre pour pouvoir faire face à un régime, il a ses tentacules et nous avons besoin du plus grand nombre pour pouvoir venir à bout de ce régime.
Vous dites « je ne sais pas si ça sera contre Ali Bongo », pour vous sa candidature n’est pas une évidence ?
Ecoutez, je n’en sais rien, ça il faut leur poser la question. Moi ce qui m’intéresse c’est ce que mon parti va faire, c’est-à-dire créer les conditions pour que nous ayons un candidat, un bon candidat, ensuite ce que l’opposition va faire, créer les conditions pour que l’opposition soit en capacité de se réunir au deuxième tour. Nous verrons qui sera le candidat du PDG.
Comment est-ce que vous jugez la gouvernance actuelle du Gabon et l’état général du pays ?
L’état général est plutôt préoccupant, le Gabon est comme une marmite qui bouillonne, parce qu’il y a des grèves partout, il y a une détresse quasiment généralisée parce que même les fonctionnaires qui pensaient qu’en étant fonctionnaires ils avaient la sécurité de l’emploi, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Et dans le privé, les emplois sont détruits, une ville comme Port-Gentil est devenue une ville fantôme, l’économie populaire a été détruite et cette destruction qui a commencé avant le Covid s’est aggravée pendant le Covid, donc vous avez aujourd’hui des mères de familles, des commerçants à l’abandon, qui n’ont rien pour nourrir leurs enfants. L’éducation est en faillite totale, nous avons un déficit grave en enseignants, en salles de classe, un pays ne peut se développer que par la ressource humaine. Le capital humain est fondamental, si on n’a pas le capital humain, on ne peut pas prétendre au développement.
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