Ukraine: António Guterres annonce qu'«une seconde évacuation de civils est en cours à Marioupol»
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« Au moment où nous parlons, une deuxième évacuation est en cours, un deuxième convoi de l’ONU et du CICR s’adresse aux civils de la ville de Marioupol », annonce ce mercredi soir António Guterres, dans une interview exclusive à RFI.

RFI : Ce mardi, lors de votre étape à Niamey, vous avez demandé à la communauté internationale d’investir à fond dans le renforcement des capacités de l’armée du Niger. Est-ce que vous pensez au renforcement de la Task Force européenne ou peut-être à l’arrivée d’autres forces internationales ?
António Guterres : Non. Naturellement, ces forces sont bienvenues et elles sont importantes. Mais il faut renforcer la capacité du pays à se défendre lui-même. L’armée du Niger est une armée qui a démontré un courage exceptionnel. Alors, vraiment, c’est un effort gigantesque pour une armée qui est mal équipée et il faut qu’elle ait la capacité de mouvement, la capacité de renseignement, des drones, des voitures blindées et climatisées -parce qu’il y a des températures de 44°C, je les ai éprouvées moi-même- et d’autres instruments de vision nocturne, des équipements adéquats au combat contre des terroristes qui se mouvementent très rapidement dans des motos, et en même temps, renforcer l’entraînement et la capacité de ces forces. Naturellement, la présence de Barkhane ou Takuba est extrêmement importante mais mon expérience me dit que ce n’est pas possible de défendre un pays seulement avec des forces étrangères. Et quand on voit la situation au Burkina, quand on voit la situation au Mali, où il y a eu des coups d’État militaires, je crois qu’il faut vraiment transformer la frontière du Niger en une muraille. Une muraille qui ne permets plus au terrorisme de pénétrer, et pour ça, il faut que l’armée du Niger ait une capacité bien au-dessus de ce qui existe aujourd’hui.
Justement, vous parlez du Mali, vous parlez du Burkina, lors de cette tournée, vous vous êtes adressé aux trois pays d’Afrique de l’Ouest qui ont connu un coup d’État. Vous les avez invités à rétablir l’ordre constitutionnel dans les plus brefs délais. Mais, regardez, au Mali, les militaires veulent rester au pouvoir pendant encore deux ans. Au Burkina Faso et en Guinée, ils veulent rester pendant trois ans… Est-ce que vous n’êtes pas en train de prêcher dans le désert ?
Non, je crois que les situations sont différentes. La Guinée, c’est peut-être la situation où le dialogue est le plus difficile. En ce qui concerne le Mali, c’est vrai qu’il y a encore une proposition de deux ans mais c’est vrai qu’ils ont commencé par cinq et que le dialogue continue, alors espérons qu’il soit possible de trouver une solution. Et au Burkina, je crois que le caractère du coup d’État a été différent. Au Burkina, il y a une situation d’extrême fragilité et le dialogue continue et je m’attends à ce qu’il soit possible d’avoir une solution, au Burkina, qui soit acceptable en matière de délais de la transition.
Au Mali, à la fin du mois de mars, plusieurs centaines de personnes ont été tuées à Moura dans le centre du pays à l’occasion d’une opération de l’armée malienne. Mais depuis cette date, l’équipe de la Minusma qui voulait enquêter sur cette tuerie n’a pas été autorisée à se rendre sur place. Est-ce que les 14 000 casques bleus de la Minusma servent encore à quelque chose et le mois prochain, devant le Conseil de sécurité, allez-vous plaider pour le renouvellement ou pour la fin de leur mandat ?
Il faut regarder la situation réelle. La situation réelle, c’est que sans la Minusma, je crois que le risque d’écroulement du pays serait énorme. La situation réelle est aussi une situation de coopération très difficile entre la Minusma et les forces maliennes en ce qui concerne les questions de droits de l’homme. Pour nous, ces questions sont essentielles et nous n’allons pas oublier ce qu’il s’est passé et nous allons continuer à insister. Il faut une enquête internationale crédible sur ce qu’il s’est passé parce que, naturellement, la protection des civils est un aspect essentiel de la Minusma. Si vous me demandez si je suis confortable avec cette décision, je dois vous dire qu’en tant que Secrétaire général des Nations unies, je constate que l’année passée, on a eu des casques bleus tués au Mali en plus grand nombre que dans toutes les autres opérations de paix. C’est pour nous, vraiment, une situation très difficile et très dure, et je rends hommage au courage des éléments de la Minusma. Je ne vais pas proposer que l’on termine cette mission, parce que je crois que les conséquences seraient terribles. Mais elle se déroule dans des circonstances qui, vraiment, demanderaient non pas une force de maintien de la paix mais une force robuste d’imposition de la paix et de la lutte anti-terroriste. Et j’ai dit à tout moment qu’il fallait que cette force robuste soit une force africaine de l’Union africaine, mais, avec un mandat du Conseil de sécurité sous chapitre 7 et avec un financement obligatoire. Ce que l’on a fait avec le G5 sahel avec un mandat très faible sans une supervision efficace, parce que le mandat aussi ne le permettait pas, avec des contributions volontaires qui ont largement échouées, ce que l’on a fait avec le G5 Sahel, doit être, pour nous, une leçon très forte. Il nous faut combattre le terrorisme avec des forces anti terroristes robustes et je dirais que seuls les Africains auront la capacité de le faire, si le Conseil de sécurité accepte, une fois pour toutes, de garantir des fonds par des contributions obligatoires.
Que pensez-vous de la suspension définitive de RFI et de France 24, le 27 avril dernier, par les autorités de Bamako ?
C’est une violation d’un principe essentiel pour nous : le principe de la liberté de la presse. Nous vivons malheureusement dans un monde où se multiplient les situations où les chaînes sont coupées, où les journalistes sont arrêtés, quelques fois même, sont torturés ou tués. La liberté de la presse est une question essentielle. Sans liberté de la presse, il n’y a pas de liberté et il n’y a pas d’informations qui puissent combattre cette logique de propagande, de désinformation qui, aujourd’hui, on le voit un peu partout, créer cette méfiance généralisée des gens vis-à-vis des institutions.
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